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l’application qu’il en fait à deux grandes époques, au moins, bien, distinctes en Europe. Dans le dernier chapitre de l’ouvrage de Morée, nous avons exposé des idées analogues pour les dépôts récens ; nous avons fait voir d’après les phénomènes actuels comment s’opéraient de la circonférence au centre les dépôts littoraux et ceux des bassins de comblement, et nous répétons que tant qu’un considérera ces bassins, ainsi qu’on le fait encore aujourd’hui, comme des vases où des matières en suspension et en dissolution se déposent en couches successives, horizontales, synchroniques dans toute leur étendue, et analogues dans leurs diverses parties par leurs fossiles et leur nature minérale, on les étudiera sous un point de vue essentiellement faux.

Les promenades géologiques de M. Boubée en Normandie et en Bretagne lui ont donné lieu de faire l’application de ses idées théoriques sur le déluge universel aux vallées à plusieurs étages.

La physionomie des vallées à plusieurs étages n’a rien qui doive nous surprendre ; c’est le cas contraire d’un seul étage, qui est réellement exceptionnel ; on ne le trouve que dans quelques vallées transversales des pays de montagnes, et dans quelques vallons ou ravins d’origine géologiquement récente. En effet, pour qu’il puisse exister de telles vallées, il faut que depuis la cause qui leur donna naissance aucune grande masse d’eau n’ait attaqué, non pas le sol alluvial seulement, car il reviendrait à des conditions d’équilibre, mais le sol primitif, il faut de plus que le sol n’ait éprouvé aucun soulèvement, car l’effet de tout soulèvement est de donner naissance à un second lit inférieur au premier, et se raccordant comme lui avec l’horizon de la mer par une espèce de courbe hyperbolique.

Ainsi, dans le cas de la Bretagne, cité par M. Boubée, toutes les vallées élevées, telles que celles du Blavet, de l’Aout, de l’Evel, montrent sur leurs flancs et dans la partie moyenne de leur cours des lits de poudingues ferrugineux horizontaux, à 25 ou 30 mètres au-dessus du thalveg actuel. C’est à peu près la hauteur à laquelle ont été soulevés les dépôts matins tertiaires contemporains de ces dépôts fluviatiles, et il est évident pour nous que c’est à la même cause qu’est dû le soulèvement des premiers, et l’excavation des seconds. Nous reconnaissons neanmoins que l’écoulement rapide des eaux supérieures et de véritables phénomènes diluviens ont dû en même temps accroître et hâter les effets produits.

Retrouver les traces des anciens rivages aux diverses époques est une des découvertes les plus curieuses de la géologie. Nous ne croyons pas qu’on eût encore reconnu nulle part les bords du