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Le secrétaire communique la note suivante que M. Héricart de Thury a lue à l’Académie des sciences (séance du 1er juin), relativement au puits forés entrepris à Tours par M. Degoussée.

« Cet ingénieur, qui a obtenu de si brillans succès dans les forages qu’il a faits dans le bassin de la Loire, vient d’en exécuter un nouveau sur lequel il paraît convenable de fixer l’attention de l’Académie. Ce forage a été fait chez M. le docteur Bretonneau, à peu de distance et au-dessus de la ville de Tours, entre la Loire et le Cher. Son ouverture est de 17 mètres au-dessus de l’étiage de la Loire et à 10 mètres au-dessous du niveau moyen du sol de Tours. Aussi les phénomènes et les résultats observés dans les forages faits en cette ville ont-ils été proportionnés à la différence des niveaux. Ainsi, 1° on a obtenu, à 112 mètres dans les sables verts inférieurs à la craie, une première source jaillissante produisant plus de cent litres d’eau par minute, ou de 145 à 150 mètres cubes par 24 heures ; et 2°, à 115 mètres de profondeur, une seconde nappe d’eau inférieure produisant à 8 mètres 75 centimètres de hauteur au dessus du sol 300 litres par minute, ou plus de 430 mètres cubes par 24 heures. Au moment où le docteur Bretonneau écrivait, on poursuivait le forage dans un grès vert d’une telle dureté que la sonde n’avait pu y pénétrer que de 0 mètre 325 millimètres en six jours ; mais, malgré la difficulté, on persistait dans le forage, espérant qu’après avoir traversé ce banc de grès, on atteindrait à 125 mètres la grande nappe d’eau jaillissante trouvée à Tours, à la profondeur de 130 mètres, dans le quartier de la cavalerie. C’est cette belle nappe d’eau qui produit plus de 3,000 mètres cubes par 24 heures, et qui, au moment de son surgissement, s’est élevée avec une telle abondance et une telle impétuosité qu’elle a inondé tout le quartier de cette partie de la ville de Tours.

« Depuis ces derniers détails, M. Héricart de Thury vient d’apprendre que ses prévisions sur le gisement des eaux jaillissantes, au-dessous de la grande masse de craie, viennent également d’être vérifiées dans le bassin de la Seine par un forage qu’a exécuté à Elbeuf, dans une propriété particulière, M. Mulot, ingénieur. Après le percement des glauconies ou craies chloritées, la sonde a pénétré dans les argiles inférieures, et, à 155 mètres, après s’être subitement abaissée ou précipitée de 0 mètre 66 millimètres, elle a atteint une nappe d’eau abondante qui a surgi avec impétuosité au-dessus de la surface du sol. Cette source produit une eau limpide, très pure, sans odeur, sans saveur, et qui dissout