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remarque que les terrains antédiluviens ne présentent aucunes traces d’aérolithes, et il attribue leur chute observée si souvent depuis les temps historiques, à l’arrivée et au choc récent d’un astre. Cette opinion nous rappelle la prétendue tradition des Arcadiens, qui se disaient proseleni, ou antérieurs à l’arrivée de la lune dans notre système solaire.

Quant à la remarque en elle-même, elle perd bien de son importance, si l’on réfléchit que depuis le temps qu’on observe leur chute et qu’on étudie la surface du globe, on n’en a trouvé qu’en bien petit nombre, et que, pour y croire et constater leur origine, il a fallu qu’ils tombassent en quelque sorte sur nos têtes ; d’ailleurs, des aérolites d’une époque un peu ancienne seraient depuis long-temps confondus avec les amas de fer hydraté, et un grand nombre peuvent avoir passé dans les hauts fourneaux sans qu’on s’en soit douté.

L’auteur remarque, en second lieu, que rien de comparable aux blocs erratiques n’existe dans les poudingues des terrains anciens, et y voit la preuve d’un déluge unique et général. Nous avons déjà dit la distinction que l’on devrait établir, selon nous, entre les produits clysmiens ou diluviens et les produits alluviens. Les poudingues appartiennent ces derniers ; c’est un dépôt régulier, dont le volume des élémens est en rapport avec la force du cours d’eau qui les a déposés, et ce n’est pas dans leurs bancs réguliers qu’on doit chercher des blocs erratiques ; mais il n’en est pas ainsi des dépôts clysmiens, qui, au contraire, présentent les blocs les plus irréguliers dans leur forme et leur volume relatif.

Certains dépôts clysmiens du pied des Alpes et de l’époque du terrain tertiaire en renferment d’énormes. Le grès vert en Morée contient, au milieu de sables et de graviers, des fragmens de gneiss de plusieurs mètres cubes, roches étrangères au pays. Que ces dépôts viennent à former la surface du sol, et qu’ils soient lavés par de puissans courans, l’on aura des blocs erratiques de l’époque tertiaire et de celle du grès vert.

Le même géologue, dans des considérations sur le Parallélisme des terrains de transition, a émis l’opinion qu’aucun des groupes schisteux, quarzeux, fragmenteux, calcareux, houiller, rudimentaire et pénéen ne saurait, pris isolément, représenter une époque de la vie du globe, ou autrement être considéré comme un terrain dans l’acception propre de ce mot ; ce n’est que la réunion de ces groupes contemporains, suivant M. Boubée, qui constitue une époque géologique ou un terrain.

Nous admettons entièrement l’idée de l’auteur, sans adopter