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l’érosion des eaux, et leurs formes et leurs dimensions nous représentent les cours d’eaux qui les ont remplis ; d’où il résulte que nos grandes vallées ont été occupées par des fleuves beaucoup plus volumineux que ceux qui les arrosent aujourd’hui, et que ces anciens fleuves ont éprouvé plusieurs diminutions successives dans le volume de leurs eaux :

7° Le premier étage de ces vallées, celui qui est le plus élevé et en même temps le plus élargi, et dont la largeur est même disproportionnée dans toutes les vallées à la largeur des autres étages, ne saurait être attribué qu’à un déluge général résultant de l’éruption violente des mers sur les continents.

8° La réalité d’un tel déluge, que prouveraient suffisamment les étages de ces vallées et leur direction généralement parallèle, ne saurait plus être mise en doute, lorsque se réunissent encore pour le démontrer, soit la dispersion des blocs erratiques, soit l’accumulation des pierres roulées sur toutes les parties du monde et à des élévations que les eaux communes n’ont pu jamais atteindre, soit le dépouillement des matières précieuses que l’on trouve rassemblées en dépôts inépuisables au milieu des sables et des cailloux de transport, soit le nivellement des grandes contrées formées de roches dures et de couches plus ou moins verticales, soit enfin les traces de dislocation que les roches conservent encore à l’extérieur sans que la masse intérieure en soit affectée.

9° à ces preuves, qui suffiraient chacune pour attester la réalité d’un cataclysme général, se joignent trois autres circonstances qui leur donnent un nouveau degré de certitude et permettent d’apprécier la cause, le mode, et l’origine du cataclysme ; c’est, d’une part, la disparition de plusieurs races de grands animaux à l’époque de ces dépôts diluviens ; en second lieu le gisement des débris de ces animaux dans les régions les plus froides du globe, tandis qu’ils dûrent habiter les zones les plus chaudes ; et en troisième lieu l’apparition des aérolithes à la même époque, aérolithes dont la terre n’a cessé de recevoir depuis lors de nouveaux fragmens, tandis qu’elle n’en avait point reçu jusqu’alors.

10° Quant aux étages inférieurs, ils sont dus évidemment à des eaux post-diluviennes. Les sources naturelles de ces grandes eaux, qui ont dû être jusqu’à cent fois plus volumineuses que celles des fleuves actuels, peuvent se prendre dans l’évaporation très grande qui dut avoir lieu sur le globe, après l’inondation générale, dans le déversement d’un grand nombre de lacs formés momentanément lors du grand cataclysme, et enfin dans le soulèvement