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« La description de Majorque faite par M. Élie de Beaumont, d’après M. Cambessèdes, insérée dans les Annales des sciences naturelles (tom. X, p. 423, année 1827), concorde en grande partie avec mes observations. La partie montueuse composant la chaîne principale me paraît appartenir à l’étage supérieur du lias, et à la craie ammonitifère ; au pied du versant méridional ce terrain contient de petites couches de lignite que l’on exploite à Beninsalem ; il y est accompagné de planorbes et de lymnées. Cette couche très peu puissante est intercalée dans le calcaire ammonéen ; on en retrouve des indices auprès d’Alcudia, dans un calcaire analogue contenant des ammonites et du silex noirâtre : on trouve de la dolomie dans les montagnes d’Arsa. Je pense que certains calcaires nummulites que j’ai vus à Palma, et qui sont de l’île, proviennent de ces montagnes, ou de celle qui se trouve au sud d’Enca que je n’ai pas pu visiter.

« Le terrain secondaire qui forme la principale chaîne de l’île dans la direction du N.-E. au S.-O., est traversé. du côté de la mer, par des filons d’une amygdaloïde noirâtre, qui se montre au jour, soit sur les plus hautes cimes, soit dans les vallons, et que l’on peut suivre presque sans interruption dans la direction de la chaîne, principalement dans les endroits où les monts présentent les plus grands escarpements ; c’est, je pense, la roche soulevante de cette chaîne ; elle est exactement pareille à celle qui, au pied des Pyrénées françaises et près de Narbonne, joue un rôle dans les terrains de craie ; son intime union avec le gypse (qui n’est fort probablement qu’une simple modification due à l’amygdaloïde) complète le rapprochement de cette roche de Majorque avec celle du Roussillon et de l’Aude. Cette dernière, si je ne me trompe, se montre également dans la direction N.-E., S.-O. ; le soulèvement de la chaîne dont il s’agit aurait eu lieu après l’époque tertiaire, puisque les roches qui se rapportent à cette époque sont soulevées et inclinées vers le S.-E. aussi bien que les secondaires.

Le terrain tertiaire est assez développé au pied méridional de la chaîne principale ; on y voit quelques dépôts de marne bleue, qui passe au calcaire moellon jaunâtre, commun à toute la Méditerranée ; ce calcaire est coquillier à Campos, à Petra, à Algaida et ailleurs ; le mont de la Renda, près de Lluc-Major, est aussi tertiaire, mais beaucoup moins coquillier.

« La colline de Belver, près de Palma, est évidemment composée d’un calcaire tertiaire marin, puisque j’y ai trouvé des bancs d’huîtres avec des peignes et des anomies ; c’est un calcaire