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d’une file de billes d’ivoire quand on donne à l’autre extrémité, non pas une simple impulsion, mais un choc, et il en conclut que l’action mécanique qui a produit le relèvement des couches secondaires, après leur rupture, a été violente, instantanée, soudaine.

Le contact des deux formations est encore remarquable en général par une altération profonde de l’une et l’autre roches, si ce n’est toutefois, à ce qu’il paraît, pour la roche primitive, quand elle est de nature granitoïde, et pour l’ardoise quand le grès à anthracite est interposé en couches puissantes. Sauf ces exceptions, la roche primitive se présente jusqu’à une distance considérable, toute fendillée et pénétrée de pyrites dont la décomposition lui donne l’apparence la plus distincte de la roche vive, plus éloignée, et souvent celle d’un minerai de fer. L’autre formation offre près du contact une assise de gros blocs informes de calcaire et quelquefois de grès calcaire, à divers états, variables du calcaire saccharoïde à la cargneule la plus ocreuse et la plus friable, et à des tufs de contexture dolomitique ; ces blocs sont généralement très cloisonnés de veines de spath calcaire et quelquefois de quarz ; en un point ils s’enchevêtrent avec un amas de beau gypse anhydrite dans lequel on reconnaît la stratification de la formation d’ardoise dont il dépend. L’ardoise ne reprend sa couleur noire et sa stratification régulière qu’à quelque distance au-dessus de cette assise singulière ; auparavant elle est même quelquefois en lambeaux ployés, contournés, culbutés, qui témoignent de froissemens et bouleversemens dans ces parties. Sous l’assise en question, M. Dausse a vu en un point une couche de calcaire compacte, dur, homogène, à cassure vive et éminemment conchoïde, de couleur claire, de 4 à 5 m. d’épaisseur, opérant le contact même des deux formations, reposant sur le granite et moulée à sa surface, suivant son expression. Il n’y a aucun vide entre deux, le contact est plein et intime. Sur quelques centimètres d’épaisseur le granite est désagrégé et décoloré, et au-delà sa masse est homogène et cristalline. La roche calcaire est vive au contact même.

On retrouve ailleurs ce même calcaire compacte toujours en nappes enveloppant le granite et moulées à sa surface, mais isolées, toutes les couches supérieures de la formation d’ardoise, moins résistantes, ayant sûrement été entraînées, et d’ailleurs plus. ou moins puissantes, suivant, à ce qu’il paraît, qu’on les rencontre dans les profondeurs des gorges, au pied de la chaîne, bu sur ses étages élevés. La roche de toutes ces nappes est toujours