Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du nord de la Bretagne, qui ont en général produit peu de modifications sur les schistes soulevés. Les seules remarques que nous ayons faites à ce sujet sont le changement en quelques lieux des grès en quarzite, et la transformation plus fréquente de schistes argileux en des schistes maclifères. Au surplus, il est à remarquer que les petites collines de la Bretagne se prêtent peu à ce genre d’observations : les altérations des roches nous ont paru beaucoup moins prononcées dans les lambeaux soulevés que dans les couches reposant à certaines profondeurs sur les flancs des masses ignées, et, pour les observer, il faut que de grandes vallées de fractures permettent d’y pénétrer.

M. Léonhard a reconnu trois époques distinctes dans les granites près d’Heidelberg, et annonce en même temps que, dans certaines circonstances, le calcaire a coulé à la manière des laves ; opinion que M. Rozet avait avancée l’année précédente à l’occasion des dolomies d’Oran. Les caractères imprimés par le mouvement des masses dans l’acte de leur cristallisation sont si positifs, et ont été exposés par MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont d’une manière si claire, que nous devons espérer savoir bientôt si cette opinion sur la fluidité des dolomies est ou n’est pas une hypothèse fondée.

Nous avons déjà mentionné la découverte faite par M. de Beaumont de dolomies dans la craie supérieure près de Grignon ; ce savant géologue rattache ce fait, unique encore dans le bassin de Paris, ainsi que le relèvement concentrique des couches du calcaire grossier, à ces soulèvemens avec évaporation magnésienne, auxquels seraient dues les masses de dolomies alpines.

Les calcaires magnésiens, et surtout les vraies dolomies, sont très rares en Morée, et nous ne pourrons pas en citer un seul exemple au milieu des terrains de l’Argolide bouleversés par les éruptions serpentineuses ; de même rien ne prouve que les dolomies de la Ligurie ou des Alpes soient le résultat de l’action des serpentines. Les seules dolomies de la Morée bordent le pied de la chaîne schisteuse du Taygète, loin de tout amas serpentineux ; et dans la Grèce en général, l’action des serpentines paraît limitée la formation des marbres cipolins par l’introduction ou la cristallisation des silicates magnésiens.

Nous avons déjà remarqué que l’action du granite parait aussi s’être bornée à la cristallisation des calcaires ; les trachytes donnent déjà lieu à quelques calcaires magnésiens, et nous arriverions peut-être ainsi, par la méthode d’exclusion, à chercher dans les seuls porphyres pyroxéniques et amphiboliques l’agent de la dolomitisation, comme M. de Buch y est arrivé à priori.