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inadmissible pour pouvoir dire que la théorie des cratères de soulèvement ne s’applique pas à l’Etna, car c’est la trace observable d’un premier effort très violent, et non telle ou telle forme, plus ou moins régulière, imprimée à la surface qui constitue la base de la théorie des cratères de soulèvement.

Nos cratères de soulèvement de la France centrale ont eu un sort comparable à celui de Palma, oh il ne s’est produit d’éruptions modernes qu’à l’extérieur. À l’Etna, au contraire, les éruptions modernes se produisent, comme les éruptions les plus considérables de Ténériffe, vers la partie centrale de l’espace soulevé.

Cette idée d’une succession de phénomènes graduellement différens, sur le sol de l’Etna, est loin d’être nouvelle. M. Fleuriau de Bellevue, à qui la géologie est redevable de recherches et d’aperçus si ingénieux, a exprimé depuis long-temps et même avant l’abbé Ferrara l’opinion, que la partie de la Sicile où s’élève aujourd’hui l’Etna a été auparavant le théâtre de phénomènes d’une nature volcanique, mais d’une plus grande dimension que ceux qui s’y passent de nos jours. On se trouve seulement conduit aujourd’hui à établir des distinctions plus tranchées entre les différens phénomènes successifs, et à séparer plus nettement les phénomènes de fracture des phénomènes de déjection.

L’idée à laquelle je me trouve conduit sur la succession des phénomènes, dont la forme actuelle de l’Etna a été le produit, est presque identique avec le résultat des observations que M. Jackson a faites en Sicile en 1832, et qu’il a bien voulu me communiquer pendant le séjour qu’il a fait ensuite à Paris, avant de retourner en Amérique.

Mais je dois laisser aux différens observateurs qui ont visité l’Etna le soin de débattre et de résoudre les nombreuses et importantes questions auxquelles sa structure peut encore donner lieu. Il me suffit d’avoir écarté les difficultés qui avaient été opposées à l’hypothèse du soulèvement du Cantal, en faisant voir que les rapprochemens qu’on a essayé d’établir entre les revêtements superficiels du Cantal et de l’Etna, loin d’en montrer la similitude, en font mieux ressortir la différence, et donnent de nouveaux motifs pour chercher, dans un phénomène de soulèvement, la cause de la forme conique du Cantal ; et d’avoir prouvé en même temps que l’épaisseur des matières volcaniques au centre du Cantal, et la non-continuité de ses fractures méridiennes, au lieu de pouvoir être objectées comme des circonstances improbables ou impossibles, fournissent au contraire une vérification de conséquences implicitement comprises dans l’hypothèse d’une série