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la profondeur, l’existence des cratères de soulèvement pourrait bien finir par prouver qu’il y a eu dans l’écorce terrestre de points faibles susceptibles d’un mode d’écrasement qui ne se produirait que difficilement en un point quelconque, et ce résultat n’aurait rien en lui-même que de rationnel ; mais un calcul approfondi, d’un ordre élevé et peut-être difficile, est nécessaire pour résoudre la question même dans ce sens.

On doit remarquer, en outre, que, ramenée à des difficultés de géométrie et de mécanique, sur ce qui a dû se passer dans l’intérieur de l’écorce terrestre, la question des cratères de soulèvement ne pourrait être résolue négativement que d’une manière générale et absolue, et qu’un seul cas bien constaté d’un phénomène de ce genre suffit pour prouver que la nature sait échapper aux difficultés qu’on pourrait concevoir à priori. Or, ainsi que je l’ai déjà rappelé plus haut, la théorie des cratères de soulèvement n’est que l’application à des contrées antérieurement volcanisées de la théorie des vallées d’élévation. Les difficultés géométriques dont les cratères de soulèvement pourraient être l’objet, celles même qui seraient basées sur la simplicité de disposition du assises soulevées circulairement, opposée à la complication des reploiemens qu’ont éprouvés les couches des chaînes de montagnes alongées, s’appliqueraient aux vallées d’élévations qui présentent non seulement une disposition circulaire semblable, mais aussi, dans beaucoup de cas, une simplicité de formes aussi grande. Pour que les difficultés théoriques qu’on pourrait être tenté d’élever contre l’hypothèse des cratères de soulèvement prissent un caractère sérieux, il faudrait qu’elles pussent être opposées non seulement aux argumens par lesquels j’ai essayé de montrer que les cônes revêtus de basalte sont nécessairement des cônes de soulèvement, mais encore aux argumens d’un genre entièrement distinct, qui prouvent que dans des montagnes d’une nature toute différente les forces soulevantes ont donné naissance des formes tout-à-fait semblables. Ce ne sont pas seulement des montagnes à flancs basaltiques et trachytiques, qui présentent une forme conique et cratériforme, sans qu’on puisse l’expliquer par l’effet des seules éruptions et de la dénudation ; la masse granitique du Mont-Blanc, la masse trachytique de l’Elbruz, s’élèvent chacune dans une enceinte plus ou moins régulièrement circulaire ou elliptique, formée par d’énormes assises sédimentaires qui se relèvent de toutes parts vers la pyramide centrale, et lui présentent leur tranche escarpée. D’autres groupes, moins larges et moins élevés, présentent une disposition semblable