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son centre, puisqu’ils sont sortis pâteux, et se sont élevés sous forme de dômes à l’entour desquels leurs conglomérats se sont plus ou moins étendus, tandis que les trachytes du Mont Dore, et même souvent ceux du Cantal, sont arrivés à la surface, assez liquides pour s’étendre en larges nappes, et recouvrir plus ou moins complètement les conglomérats, qui, au Mont Dore, ne sont visibles que dans les déchirures. Le basalte, encore plus fluide, tendait à faire naître une uniformité plus grande encore dans la surface des massifs de déjections anciennes de l’Auvergne. Cependant, la surface du groupe trachytique de Schemnitz si bien décrit par M. Beudant, quoique beaucoup moins plane que celle des systèmes trappéens et basaltiques que j’ai cités précédemment, est beaucoup moins bombée que celle du Mont Dore, et même que celle du Cantal. Le dôme trachytique le plus élevé du groupe de Schemnitz, est, d’après M. Beudant, le mont Szitna, qui atteint 1,045 métres au-dessus de la mer ; le mont Szitna est à environ 3 lieues ou 13,333 mètres des bords les plus rapprochés du groupe qui sont élevés d’environ 300 mètres, d’où il est aisé de calculer que, de sa cime au bord du massif, la pente générale est seulement de 3° 12′. Dans toutes les autres directions, la pente générale est beaucoup moindre ; elle se réduit presque toujours à moins de 2°, souvent même à moins de 1°. Au Cantal, les pentes générales les plus ordinaires, qui sont en même temps les plus faibles, sont de 4°. Au Mont Dore, la pente moyenne générale est de plus de 8°.

Le fait que les terrains de trachyte et de phonolites, présentent partout des dômes accumulés les uns sur les autres ; le fait que dans la grande majorité des cas, les terrains basaltiques et trappéens ne présentent que des dykes et des nappes horizontales, sans la plus légère trace d’un cône d’éruption comparable soit au Vésuve, soit à l’Etna, soit même aux Puys de Thueys et du Tartaret, n’indiquent-ils pas évidemment que ces roches ont eu des modes d’éruption particuliers ? si chaque district, basaltique, trachytique ou trappéen, avait présenté dans l’origine un cône, d’éruption, comment ces cônes auraient-ils presque toujours disparu ? ne serait-il pas naturel de présumer que la différence qui a existé entre les éruptions basaltiques, trachytiques et trappéennes, et celles des volcans actuels, était de nature à y rendre moins nécessaire et plus difficile la production d’une montagne conique ? Or, quelle est la circonstance qui, dans les volcans actuels, entraîne comme conséquence nécessaire, la production d’un cône d’éruption : n’est-ce pas le rôle prépondérant qu’y jouent les dégagemens de substances gazeuses ?