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Il serait difficile de concevoir qu’une matière aussi peu conductrice de la chaleur que le basalte, après s’être épanchée par un orifice étroit, se fût refroidie assez vite pour ne pas avoir le temps de couler, par le seul effet de sa pesanteur, sur une déclivité un tant soit peu sensible. Enfin, cette grande fluidité de la plupart des basaltes, au moment de leur épanchement, se trouve établie d’une manière indépendante de toute hypothèse, par la grande étendue que présentent si souvent les nappes basaltiques, avec une épaisseur sensiblement constante sur des surfaces horizontales où une matière un tant soit peu pâteuse n’aurait formé qu’un dôme plus ou moins surbaissé.

Ces considérations me conduisent à m’occuper des différences qui paraissent avoir très fréquemment existé entre le mode d’émission des basaltes et celui des laves de nos volcans actuels.

Il ne serait pas impossible, sans doute, que tous les basaltes de l’Auvergne eussent coulé exactement de la même manière que ceux de Thueys et du Tartaret. Je devais mettre cette hypothèse en première ligne, car c’est nécessairement celle qu’adoptent les personnes qui ne voient, dans le massif du Cantal, qu’un Etna démantelé. Il est, en effet, évident qu’admettre la moindre différence essentielle et constante entre l’état de fluidité des basaltes et celui des laves basaltiques, serait, de la part des personnes qui supposent que tous les massifs de matières volcaniques, formés à l’air libre, l’ont été exactement de la même manière que les cônes des volcans modernes, un premier pas rétrograde. Mais en montrant que, même dans la supposition d’une complète identité dans le mode d’émission des basaltes et des laves, le Cantal devrait être regardé comme un cône de soulèvement, je ne me suis appuyé en aucune manière sur la supposition d’une pareille identité. Je puis donc maintenant revenir sur les différences qui pourraient avoir existé entre le mode d’émission des basaltes et celui des laves ; et si, considérées en elles-mêmes, ces différences sont de nature à rendre improbable la formation, par simple voie d’éruption, d’un cône tel que le Cantal, elles viendront naturellement à l’appui de mes conclusions précédentes.

Il est plus aisé de faire ressortir l’opposition de caractères qui existe entre les laves et les basaltes, sous le rapport de l’état des masses au moment de leur solidification, que de limiter, d’une manière précise, ce qu’on doit entendre par basaltes. Cette limitation est peut-être même impossible.

D’une part il paraît, ainsi que je l’ai rappelé, qu’il existe, dans les laves même de l’Etna, des parties d’une texture à peu près basaltique ;