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basaltes du Cantal doivent au contraire être étendu primitivement sur un plan sensiblement horizontal.

Une simple construction géométrique va achever de mettre dans tout son jour la différence des revêtements extérieurs du Cantal et de l’Etna ; concevons que la base du Cantal s’abaisse dans son centre, que chacun des secteurs basaltiques qui le couvrent tourne autour de sa base extérieure, comme autour d’une charnière, et se rabatte ainsi dans le plan général des basaltes répandus sur le plateau de l’Auvergne.

Quiconque à parcouru ces contrées en géologue, sait que si les basaltes du Cantal étaient ainsi rabaissés au niveau général des plateaux environnant, il n’existerait plus dans toute la contrée qu’un plateau basaltique uniforme, dont les diverses parties ne présenteraient aucune différence essentielle dans la nature et la texture des roches. Un emplacement du centre actuel du groupe ne serait plus reconnaissable qu’aux traces laissées par la cavité centrale, et par les vallées de déchirement que les eaux ont élargies depuis un grand nombre de siècles, et dont les bords n’auraient pu se rejoindre exactement.

Passons maintenant à l’Etna ; supposons que le cône actuel de l’Etna soit découpé artificiellement, comme le Cantal l’a été par la nature ; supposons que les secteurs de laves et de scories accumulées qui composent sa surface tournent autour de leur base extérieure, comme charnière, et se rabattent dans le plan de la surface générale de la Sicile. La surface plane, ainsi formée, présentera-t-elle un plateau de roches d’une texture parfaitement uniforme ? Chacune de ces coulées de laves, dont le caractère est d’être hétérogène, prendra-t-elle, dans son ensemble, une ressemblance quelconque avec ces nappes basaltiques dont le caractère est d’être uniformes ? Ne pourra-t-on pas distinguer encore, et presque du premier coup d’œil, ce qui fut l’extrémité supérieure, de ce qui fut l’extrémité inférieurs de chacune d’elles ? Un observateur aura-t-il besoin de faire attention aux traces laissées par la division préalable du massif aux secteurs, pour marquer la place où fut située la cheminée principale ? Ne lui suffira-t-il pas, au contraire, de faire attention à la variation de texture que présente chaque coulée, examinés en différens points, et que présente surtout, pris en masse, l’ensemble de toutes les coulées, lorsqu’on s’éloigne de la circonférence de la base primitive, pour pouvoir dire en approchant du centre : ici dut être placé l’orifice du principal conduit d’éruption ; ici fut le point de départ du mouvement, dont toutes les coulées conservent les traces ; ici fut le point de concours