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donc la croûte extérieure de l’Etna (je ne parle pas ici du val del Bove) présente, prise en masse, un caractère qui la distingue essentiellement de celle du Cantal. La croûte de l’Etna est évidemment une croûte d’éruption ; le Cantal au contraire est nécessairement un cône de soulèvement, dont la surface a été solidifiée d’abord dans une situation à peu près horizontale.

On est ainsi ramené à la conclusion à laquelle nous étions déjà arrivés M. Dufrénoy et moi, en suivant une marche différente, et les faits même qu’on nous allègue comme des objections, fournissent à posteriori une confirmation indirecte de nos premières déductions.

La seule rédaction du passage du Bulletin transcrit ci-dessus montrerait à quelqu’un qui du reste n’aurait jamais entendu parler de l’Etna, que sur ses flancs les laves n’ont acquis qu’exceptionnellement la compacité basaltique. On cite, comme un fait remarquable, que la coulée de 1669 présente une structure basaltique à la torre di Grifo : or, puisque ce fait se remarque, puisqu’on en désigne la localité précise, afin qu’un autre voyageur puisse le retrouver, il est évident qu’il est exceptionnel. Qui est-ce qui songerait jamais à désigner au Cantal une localité particulièrement favorable à l’observation de la compacité du basalte ? elle y est universelle. Il n’y existe pas un seul lambeau de matières cohérentes ayant la composition du basalte, qui ne présente cette compacité à partir d’une très petite distance de ses surfaces inférieure et supérieure.

Que pouvait-il donc exister de plus différent que la cuirasse, uniformément basaltique du Cantal et celle de l’Etna, formée de laves présentant seulement des ganglions basaltiques ? Quelle différence plus significative pouvait-il exister entre elles ?… Si la cuirasse de l’Etna eût été formée de laves d’une texture également grossière dans toutes leurs parties, on aurait pu croire que la différence indiquée était inhérente à leur nature. Mais du moment où il y a des parties basaltiques, il est évident que la texture grossière de la plus grande partie des coulées de l’Etna ne peut résulter que des circonstances de leur solidification qui doivent par suite avoir été différentes de celles dans lesquelles se sont solidifiées les nappes basaltiques du Cantal ; et comme il est certain que les basaltes superficiels du Cantal se sont refroidis à l’air libre ; aussi bien que les laves de l’Etna, on ne peut chercher la différence de circonstances dont il s’agit que dans la forme différents des surfaces sur lesquelles les matières fluides se sont étendues Les laves de l’Etna ont coulé sur une déclivité irrégulière ; les