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notre Mémoire, où nous disions, pag. 8 (Annales des mines, 3e série, t. III, p. 536), qu’un courant de laves pourrait s’étendre en larges nappes sur la croupe même d’un volcan, s’il y rencontrait une dépression semblable, par exemple à celles dans lesquelles prennent ordinairement naissance les tourbières des pays de montagnes, mais que dans ce cas sa surface serait sensiblement horizontale, et qu’une large nappe basaltique disposée en plan incliné ne peut avoir eu une telle origine.

L’examen de l’intensité de la pente de chaque partie de la déclivité parcourue par une coulée, est ici d’une grande importance ; il est donc essentiel de remarquer que les pentes de 10 à 15° dont il est question dans le passage du Bulletin transcrit ci-dessus ne sont que les pentes de la base du cône supérieur de l’Etna ; la pente moyenne de la saillie totale de l’Etna, de sa cime à Santa-Anna, près Riposto, qui est le point de la côte le plus rapproché est de 10° 4′. Dans la direction de Piedemonte et dans celle d’Aderno la pente générale est à peu près la même ; dans toutes les autres directions elle est plus petite.

Or ces pentes sont loin d°êtres uniformes. Les planches jointes au beau travail hydrographique de M. le capitaine W. H. Smyth sur les côtes de Sicile, renferment plusieurs vues de l’Etna prises des distances assez grandes pour que le profil général de la montagne s’y présente avec exactitude. D’après ces vues les pentes du cône supérieur près de la pointe sont de 20 à 30°, tandis que les pentes du massif qui lui sert de base varient de 5 à 9° dans le partie qui se trouve visible, et sont disposées de manière à ce qu’il soit évident qu’elles s’adoucissent encore en approchant de la mer[1].

La section méridienne de l’Etna, dans une direction quelconque, doit évidemment présenter dans son ensemble une concavité tournée vers le ciel, puisque la cime fumante du cône est visible de tous les points de la circonférence de la base. Il est donc certain que la pente moyenne des parties basses du massif est de beaucoup moins de 10°, que, par conséquent, elle diffère peu des pentes les plus ordinaires des flancs du Cantal, qui sont de 4°, et qu’elle est beaucoup moindre que celle du Mont Dore, qui est de 8° 6′.

  1. En réimprimant ce Mémoire séparément, on y joindra, outre plusieurs notes, des copies de quelques unes des vues du capitaine Smyth.