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détacher. » M. de Humboldt ajoute que le nom de sel tartrique, donné anciennement dans le commerce au sel ammoniac, aurait du diriger depuis long-temps l’attention des géologues sur les phénomènes volcaniques de l’Asie intérieure.

Je pourrais citer encore ici un grand nombre de faits analogues, notamment dans l’Inde et dans plusieurs parties de l’Amérique, lesquels viendraient également appuyer l’hypothèse qui doit faire regarder les bitumes comme des produits naturels résultant de phénomènes volcaniques, et non de la décomposition de débris organique ; mais j’ai du me borner à signaler et à rappeler les faits les plus saillans, ceux qui font mieux voir les rapports qui existent entre tous les carbures d’hydrogène et le soufre, les gypses, le muriate de soude, l’alun, l’hydrogène d’ammoniac, le gaz hydrogène carboné, etc. ; et ceux qui existent également entre eux et certaines roches volcaniques, ainsi qu’avec les sources thermales et minérales : tandis que si, comme semble porté à le croire M. de Reichenbach, les sources de pétrole étaient dues à la seule distillation lente, et à une basse température de la houille, loin de durer comme celle de l’Albanie, de Zante, du lac Asphaltite, de la mer Caspienne, de l’Auvergne, etc., pendant un grand nombre de siècles, sans paraitre avoir rien perdu de leur abondance première, elles seraient bientôt taries, et n’auraient qu’une durée limitée au plus ou moins d’abondance de combustible minéral qui leur aurait donné lieu.

Un simple calcul appliqué aux sources de l’ile de Zante, démontrera mieux que tous les raisonnemens l’impossibilité d’admettre une telle hypothèse. Ces mines existaient déjà du temps d’Hérodote, qui vivait dans le cinquième siècle avant notre ère ; comme elles fournissent 100 barils de 100 livres environ par année, 2,300 ans × 100 × 100 sera approximativement la quantité de livres d’huile qu’elles ont dû fournir depuis que cet historien les a décrites : or, M. Reichenbach ayant reconnu que chaque quintal de houille donnait au plus deux onces d’huile, il n’aurait pas fallu moins de 2,300 × 100 × 100 × 8 = 174,000,000 quintaux de houille pour produire cette masse effective de pétrole. Si l’on ajoute que ces sources existaient bien avant Hérodote ; qu’elles sont loin de paraître épuisées ; que la quantité de pétrole recueillie est également loin de correspondre à la quantité qui est produite, ces sources n’étant probablement qu’un point fourni à son écoulement, Il est facile de voir que toutes les mines de houille de l’Angleterre réunies n’auraient pu suffire à alimenter, par leur distillation lente, les seules sources de Zante :