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de l’antiquité sont exactes, les quantités d’asphalte que reçoit aujourd’hui la mer Morte, des différentes sources qui l’y conduisent, paraissent bien moins considérables qu’autrefois. Les anciens ont fait usage de l’asphalte dans leurs constructions (à la tour de Babel, à Babylone, etc.) ; en Égypte, ils l’employaient aussi, principalement pour embaumer les corps ; c’est lui qui forme la matière de la couleur qu’on appelle momie. Les îles de Lipari fournissent aussi avec du soufre, de l’alun, une grande quantité de bitume ; et déjà du temps des Carthaginois qui venaient l’y chercher pour le transporter au loin, il était le sujet d’un commerce important.

Les bitumes se trouvent très souvent en rapport avec les dégagemens de gaz hydrogène, qui produisent les feux perpétuels ou sacrés, comme au Nymphæum ; ainsi les pseudo-volcans de Barigazzo et Pietra-Mala, dont Montaigne avait déjà parlé dans son voyage en Italie en 1580, paraissent indirectement liés avec les salces, les gypses et les sources de pétrole qui existent, suivant M. Bertrand-Geslin, un peu plus au nord, à la base du terrain tertiaire.

M. Ravergie a fait connaître par une lettre adressée le 26 décembre 1828 à M. de Férussac, que le prétendu nouveau volcan de Bakou n’est qu’une répétition sur une échelle un peu plus grande du phénomène de Pietra-Mala ; ce fut en 1827 que ce pseudo-volcan s’ouvrit, à environ 12 verstes à l’ouest. de Bakou, comme ceux de la Toscane, au milieu d’un sol argileux qui semble être une condition de leur existence. Ces éruptions de gaz et de boues y paraissent liées à l’existence des nombreuses sources de naphte qu’on rencontre aux environs, ainsi qu’aux nombreux lacs salins dont tout le canton est presque couvert ; à environ 30 verstes du pseudo-volcan, sur le cap Abchéron et près du temple des Guèbres, existent des feux perpétuels ; il en existe aussi, dit-on, dans les îles situées vis-à-vis de Bakou, ainsi qu’à l’embouchure du Koura (le Cyrus) dans la mer Caspienne ; enfin, l’on assure qu’on voit souvent, dans les environs, sortir des flammes de la mer elle-même.

« D’après d’autres renseignemens, on sait qu’il existe à Bakou, à Sallian et sur les îles, des salces de naphte qui ressemblent à celles de la Krimée. À un quart d’heure du feu éternel, situé au N.-O. de Bakou à Ssarachain, il y a une fente d’où il s’échappe des vapeurs brûlantes. Tout le sol de la contrée est tertiaire, et le plus souvent pénétré de bitume ; à quelques ventes au sud de Bakou, il y a des sources de naphte dans de l’argile sélénifère. L’île de Tschélé-Kaen en offre également, et les puits en