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pour calfater les vaisseaux, paraît se prolonger très loin vers le S.-E. ; et la quantité de malte que l’on pourrait en retirer suffirait à l’approvisionnement de l’Europe entière. On trouve aux environs, suivant M. Pouqueville, le soufre mélangé avec d’autres substances minérales, telles que du gypse, de l’alun, etc., et les habitans assurent qu’on voit encore presque toutes les nuits des flammes bleuâtres voltiger à la surface de la terre.

Il est impossible de méconnaître à tous ces caractères le Nymphœum des anciens, d’où s’échappaient sans cesse des sources de feu, sans nuire à la verdure environnante. Plutarque, dans sa Vie de Sylla, dit que dans le voisinage d’Apollonia est situé le Nymphœum, terre sacrée, où des sources perpétuelles de feu coulent su milieu d’une vallée riante et de belles prairies, sans les endommager ; Aristote, en parlant de ce phénomène, ajoute que l’huile que l’on présentait à la flamme qui se dégageait de la terre s’enflammait facilement ; Elien, qui avait observé lui-même le phénomène, dit aussi que le bitume, auquel Dioscoride, et avec lui tous les auteurs de l’antiquité, ont donné le nom de Pissasphalte, nom qui s’est conservé jusqu’à nos jours, était mêlé avec des substances sulfureuses et alumineuses, et que l’odeur qu’exilaient au loin les feux du Nymphœum ressemblait à celle de l’alun et du soufre.

Si, de nos jours, comme au temps de Dion-Cassius, qui parle aussi de ces phénomènes en témoin oculaire, des torrens de feux ne roulent plus au milieu des champs, une partie des circonstances qui les accompagnaient se sont perpétuées. Ainsi, il s’en dégage encore des gaz méphitiques qui s’y enflamment souvent, et avec le malte, il se forme, par suite de ces émanations gazeuses, du soufre, du gypse, de l’alun, et autres produits chimiques.

L’île de Koraka, qui fait partie du petit archipel, situé en face de Salagora, dans le golfe Ambracique (d’Arta) contient aussi des mines de pétrole et des concrétions bitumineuses ; et enfin, le bitume se rencontre encore en abondance dans le calcaire compacte à Vergoraz en Dalmatie, et dans l’ile de Bua.

Lorsqu’on réfléchit que partout où les bitumes minéraux ont été rencontrés avec quelque abondance, ils sont presque toujours en rapport plus ou moins direct avec les phénomènes volcaniques ; que dans le plus grand nombre de cas ils semblent se lier intimement avec les dépôts salifères ; que là c’est avec des gypses, du soufre ; ailleurs avec des sels ammoniacaux ; que beaucoup-de roches dites ignées, ou volcaniques, telles que certains granites, des