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En partant de Marseille, on entre dans le département des Basses-Alpes, après avoir passé le Verdon, qui coule auprès de Gréoux dans un lit creusé au milieu d’un calcaire compacte blanc jaunâtre, qui appartient probablement à la partie supérieure du Jura, ou bien même, selon quelques uns, à la craie. Sur ce calcaire repose, dans une très grande étendue, un ensemble de marnes rougeâtres et parfois grises, avec des concrétions blanchâtres, de grès molasses, de calcaires marneux blanchâtres, et de poudingues cailloux de différente nature, lesquels consistent, surtout à Estoublon, en cailloux de calcaire marneux avec empreintes de fucoïdes, de calcaires d’autre nature, et de cailloux de roches primordiales, telles que granite et gneiss. Ce terrain, qui est évidemment tertiaire, et qu’on peut croire d’eau douce, puisque certaines assises marneuses et de calcaire fétide contiennent des planorbes, des hélix et des lymnées, comme du côté de Mézel, forme le haut plateaux qu’on traverse depuis Gréoux jusqu’à Digne, lequel est sillonné en partie par la rivière d’Asse, en partie par la Bléone, et par d’autres petits torrens. À l’est, du côté de Moustiers, on le voit bordé par des escarpements qui le dominent, et qui appartiennent à des terrains secondaires. Du côté de l’ouest, il s’étend vers la Durance, au-delà de laquelle il y a des terrains qui paraissent également plus anciens. Les couches de ce terrain tertiaire sont en général presque horizontales depuis Mézel qu’à Riez ; elles sont cependant assez inclinées lorsqu’on s’approche des terrains plus anciens, comme il arrive à la montagne entre Mézel et Digne, qui sépare l’Asse de la Bléone, où les couches sont inclinées tantôt vers le N.-E., tantôt vers le S.-O.

Ce n’est que peu avant d’arriver à Digne qu’on commence à entrer dans les terrains secondaires, et il paraît que c’est par la partie inférieure qu’on les aborde, puisque c’est le lias qu’on rencontre le premier. La ville même de Digne est en partie située sur un amas de gypse plus ou moins saccharoïde blanc et rougeâtre, contenant parfois des cristaux isolés, prismés, de quarz hyalin souvent enfumé. Ce gypse est accompagné d’un calcaire poreux ou rauchwake, et de certaines marnes rouges et verdâtres ; il m’a paru être inférieur au calcaire lias, qu’on voit lui être superposé, ou du moins accolé, en allant du côté des bains, que l’on nomme des Eaux chaudes, parce qu’il y a des sources thermales qui se soutiennent à une température très élevée. Le lias se montre, dans ces environs, très développé ; il laisse voir des couches plus ou moins compactes, avec gryphœa arcuata et pentacrines, et des couches très marneuses, qui contiennent surtout un très grand nombre