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s’enfle tout de suite avec toutes deux, sans qu’elles le dissolvent à froid.

« Comme aucune réaction ne montre la moindre différence entre les deux huiles, je crus inutile de poursuivre le parallèle plus loin, et je restai persuadé que l’huile découverte n’était pas une substance nouvelle, mais seulement du pétrole véritable.

« Une dernière confirmation pouvant être obtenue d’une analyse élémentaire, je ne manquerai pas de la faire ; néanmoins, le pétrole, comme espèce, se divise en une série de variétés depuis le naphte et les divers pétroles, jusqu’à la poix minérale ; et chacune de ces variétés n’étant pas simple, mais mélangée d’éléments divers en différentes proportions, une analyse élémentaire ne peut donner des résultats constans que lorsqu’on aura distingué entre eux les substances élémentaires elles-mêmes.

« L’analyse ne peut donc donner qu’un rapport approximatif, qui nous dira à quelle place la nouvelle huile est placée parmi les variétés de la classe des pétroles.

« Je tâchai d’étendre les mêmes observations à d’autres charbons de terre. Ainsi, je fis venir quelques quintaux de lignites du grès vert des environs, et les fis traiter de la même manière ; je n’en obtins aucune trace d’huile ; l’eau distillée n’en prit pas même l’odeur ; le lignite de cet âge en est donc dépourvu.

« Il découle de ces recherches, qu’il faut renoncer à l’idée émise que le pétrole est un produit de l’action de la chaleur sur des corps combustibles ; cette huile existe au contraire toute formée dans les houilles, et doit être admise comme une de leurs parties constituantes.

« On ne peut pas dire positivement si elle y est en combinaison chimique ; cela n’est pas du moins vraisemblable : comme elle s’échappe déjà en grande partie de la houille à l’air, je crois plutôt que le pétrole n’y est que mélangé ou disséminé en parties atténuées, de manière qu’il n’y serait retenu que par la force d’adhésion.

« Pour chasser tout-à-fait le pétrole de la houille, il faut échauffer cette dernière jusqu’au point d’ébullition, c’est-à-dire jusqu’à 167° centigrades, ce que je n’ai pas fait par prudence, et ce que je déconseillerai à toute personne qui voudrait contrôler mon travail, car dès que l’eau est passée, il devient presque impossible d’échauffer également la masse de houille, sans produire sur les parties extérieures des accumulations de chaleur qui s’élèvent plus haut, et donnent alors de suite les premiers produits de la distillation sèche, c’est-à-dire un résultat tout-à-fait faux.