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choses se passaient comme lorsque des matières tenues en suspension ou en dissolution dans un vase clos se précipitent successivement en raison de leur pesanteur spécifique et de leur indissolubilité relative ; par suite on a cru devoir trouver dans chaque bassin tertiaire une succession de couches de même nature et synchronique dans toute leur étendue horizontale. Suivant nous, le remplissage ne se fait pas seulement de bas en haut, mais, bien plus, des bords vers le centre, les dépôts de même nature se juxta-posant de manière à produire ces fausses stratifications si souvent observées. Il en résulte qu’un même dépôt à peu près horizontal, montrant la même composition, les mêmes fossiles, peut représenter toute l’étendue d’une même période de repos, et non pas seulement une époque dans cette période. Il ont avoir des argiles à lignites fluvio-marines vers les barres des affluens, ou marines, dans les anfractuosités du rivage, des calcaires grossiers à cérites, des sables et des grès et même des calcaires lacustres supérieurs de tout âge dans la même période de comblement. Pour en citer un seul exemple, nous suivrons la formation des dépôts lacustres comme nous l’avons vue s’opérer en Grèce. Des sables s’accumulent sur ses plages, réunissent les ilots, les bas-fonds, et forment des dunes qui isolent des bassins lacustres, disposés en lignes parallèles au rivage. Plus tard, les sables réunissent à nouveau des îles et des bas-fonds plus éloignés du rivage ; les dunes s’avancent progressivement, et avec elles les dépôts lacustres, qui finissent par atteindre la partie centrale du bassin ; ainsi s’établissent des zones juxta-posées de calcaires lacustres, qui représentent de la circonférence au centre toute la durée de la période. Sans doute sur une même verticale les dépôts sont d’autant plus anciens qu’ils sont plus profonds ; sans doute aussi les dépôts se sont succédé dans un ordre à peu près constant, relatif à leur composition et abstraction faite de toute cause particulière ; mais sur deux verticales éloignées il n’y a pas nécessairement correspondance de temps dans les dépôts de même nature, et l’âge d’une roche dépend à la fois de sa profondeur dans la série, et de sa distance à la circonférence du bassin.

On voit souvent dans les ouvrages de géologie, notamment dans le Manuel de M. de La Bêche, attribuer chaque changement dans la nature des sédimens littoraux à des perturbations survenues dans le sol du bassin, tandis que ces changemens ne sont que le résultat d’un ordre de succession nécessaire dans chaque position donnée ; c’est l’effet des conditions d’équilibre entre