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que l’on pourrait se demander également comment la matière de ces filons ne s’est pas plutôt épanchée dans le cratère.

Pour lever cette difficulté, il faut se rappeler que dans certains momens les cratères des volcans sont remplis de lave jusqu’à leurs bords ; qu’alors celle-ci déverse par un ou plusieurs points, jusqu’à ce qu’il se fasse sur les flancs du cône des ouvertures par lesquelles s’épanche la matière accumulée dans son intérieur, qui bientôt se vide ou s’affaisse. C’est ainsi que le cratère du Vésuve, qui, en mars 1832, était presque comble, avait plus de 700 pieds de profondeur quelques années avant.

En second lieu, M. C. Prévost pense que la matière des filons n’a pas pénétré de force dans le sol qu’elle traverse ; mais que cette matière a rempli des vides produits par les secousses, les retraites ou autres causes analogues ; et dans le cas particulier des filons verticaux qui tapissent les parois des cratères, on peut supposer que la lave dont ils sont formé s’est introduite latéralement, et quelquefois de haut en bas, plutôt que de bas en haut, dans les fissures qu’elle remplit.

La même chose n’a-t-elle pas eu lieu au Mont-Dore, si l’on regarde cette montagne comme un vaste volcan dont le foyer principal d’éruption existait au point où commence la vallée des Bains ?

M. Fournet pense que la dernière explication ne satisfait pas à la question, attendu que les diverses coulées du plateau de Champ-Bourquet auraient dû devenir de plus en plus épaisses et puissantes en allant du sud au nord, et même se confondre quelquefois, puisqu’il y a abaissement de la bordure du cratère dans ce sens, tandis qu’elles sont sensiblement égales.

Bien plus, le plateau de Rigolet est à un niveau encore bien inférieur ; c’est donc sur lui que le débordement principal aurait dû s’effectuer, et une énorme assise de trachyte gris devrait le recouvrir, tandis qu’on n’y trouve qu’un faible lambeau, dont les filons de même nature, qui traversent le pied du plateau, sont plus que suffisans pour rendre compte.

Dans les volcans que cite M. Constant Prévost, on voit de puissantes coulées résulter de ce trop-plein ; ici, où sont-elles ? Il reste des masses de ces mêmes laves dans les cratères et contre leurs parois ; on n’en voit point dans le cirque du Mont-Dore, ou bien elles sont toujours réglées en filons prenant leur origine dans la profondeur.