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mélangés sans ordre, avec des cailloux de porphyre quartifère, ainsi que de quarz blanchâtre.

Le calcaire du Monte Salvatore, et par suite, très probablement, toute la dernière chaîne calcaire des Alpes, entre les lacs Majeur et de Come, serait plus récente que les éruptions des porphyres avec ou sans quarz des pays environnans, et ainsi la dolomisation du calcaire ne peut pas y être un produit du mélphyre.

D’une autre part, je n’ai pu quitter Lugano sans visiter entre cette ville et Morcote, la presqu’île curieuse dont M. de Buch a donné un profil détaillé, et qu’il mentionne plusieurs fois. Nous devions nous attendre à y trouver une grande étendue de granite percée distinctement par le porphyre noir : malgré mes recherches consciencieuses, je n’y ai pu trouver ni l’un ni l’autre de ces accidens.

J’ai d’abord longé le côté occidental de la masse de calcaire et de dolomie du Salvatore, en me portant de Lugano à Puzzallo, Carabbia, etc. ; et après avoir dépassé une crête avancée au S.-O, j’ai atteint, près d’Oggione, le porphyre qui forme le plateau de Carona, s’élevant environ vers son milieu à 1,000 pieds. Cette masse est très instructive, car c’est un mélaphyre véritable sans quarz, quoique rougeâtre ; cependant on remarque çà et là des débris pleins de grains de quarz, ainsi que des morceaux avec des cristaux distincts de feldspath et d’albite, comme cela se voit dans beaucoup de porphyres, par exemple près de Halle. En un mot, on est porté à se faire encore plus ici la même question qu’à Capo di Lago, savoir : si le porphyre avec et sans quarz sont deux formations différentes. Si les faits précédens ne sont pas assez concluans, on observe bientôt dans le Monte d’Arbostoro, en-deçà de Carona, un filon qui résout tous les doutes. Ce mont n’est pas composé de granite, comme semblerait l’indiquer la carte, car M. de Buch n’a pas pu vouloir indiquer les blocs erratiques granitiques qui le recouvrent, et qu’il nous a lui-même fait connaître le premier. La roche du monte d’Arbostoro est un porphyre bien caractérisé, surtout d’une teinte rouge claire, avec ou en partie sans quarz ; et dans ces lieux se trouvent mêlées l’une avec l’autre, ou réunies même dans un seul bloc, toutes les variétés des porphyres, que j’ai énumérées jusqu’ici isolément. À la vérité, le porphyre y prend assez souvent une structure grossière, et plus voisine de la cristallisation pure, de manière que les parties non quarzifères rappellent très souvent la syénite à grains fins, et les portion quarzifères quelquefois certaines variétés de granite.