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sillons longitudinaux. Les fentes transversales ont été formées soit en même temps, soit plus tard.

L’entrecroisement des systèmes a lieu surtout dans trois points, savoir : la rencontre des systèmes S.-O. N.-E. et N.-O. S.-E., au centre des Carpathes septentrionales, surtout au-devant du Tatra, icelle des systèmes N.-N.-E., S.-S.-O. et O.-S.-O. E.-N.-E dans la partie méridionale du Bannat, et celle du système N.-N.-E., S.-S.-O. avec ceux de N.-O., S.-E., enfin il y a probablement encore un autre entrecroisement sur les frontières de la Bukowine et du Marmarosh.

Les masses des Carpathes appartenant au grand système crétacé de l’Europe méridionale, leur redressement tombe nécessairement dans l’époque tertiaire ; mais les couches de la molasse, surtout le pied nord des Carpathes, ont pris part à ces mouvemens de bascule ; donc cette révolution est au moins postérieure au dépôt du terrain tertiaire inférieur.

D’une autre part, les deux lignes de fracture produites par ce redressement unique ayant des directions diamétralement opposées, ou les Carpathes décrivant un arc de cercle, je le répète, la théorie de M. de Beaumont se trouve tout-à-fait en défaut : car il faut reconnaître qu’un seul et même redressement a formé quelquefois des lignes de fracture non parallèles, puisque les molasses ont été aussi bien affectées par le mouvement du N.-E. au S.-O. que par celui du N.-O. au S.-E. Les lignes de fractures du S.-0. au N.-E. appartiendraient, d’après M. de Beaumont, à une révolution antérieure à l’existence du grès vert, et celles du N.-O. au S.-E. à une autre révolution entre la période du dépôt de la craie et la période des terrains tertiaires : or, ni l’une ni l’autre de ces suppositions ne serait applicable au redressement plus récent des Carpathes : bref, la structure de ces montagnes renverse à elle seule la doctrine du parallélisme de tous les redressemens d’une même époque.

Pour déterminer l’âge des révolutions qui ont redressé les chaînes schisteuses, il nous manque des données suffisantes ; car le sol crétacé n’en est pas séparé par des dépôts secondaires, et quelques uns de ces groupes ont pu subir les effets de plusieurs redressemens. Ainsi, si toutes paraissent avoir été bouleversées au moins avant la période crétacée, la chaîne primaire de la Bukowine, et même le groupe du Tatra, ont pu prendre part au mouvement de bascule, qui a redressé les couchés carpatiques. Le soulèvement de ces montagnes peut même nous indiquer la place des centrés d’action. D’autres groupes ont pu subir partiellement