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et si les rivières qui occupent ces vallées s’éloignent plus ou moins de ces deux directions, cette déviation momentanée ou locale ne parait, au fond, due qu’à la rencontre de quelques sillons longitudinaux d’une des chaînes principales, courant du S.-O. au N.-E., ou du S.-E. au N.-O., ou O.-S.-O. la E. N.-E., au plus rarement du S.-S.-O. au N.-N.-E.

L’exemple le plus frappant de tous est offert par la rivière de Poprad, la seule qui coupe toutes les Carpathes. Ce n’est qu’au moyen d’une vallée longitudinale dirigée du N.-O au S.-E. qu’elle passe d’une vallée longitudinale dirigée dans un sens totalement différent, à une fente courant du N. au S. De plus, placée sur les limites de deux directions de redressement, la vallée longitudinale qu’elle occupe, avant de se déverser dans le Dunajec, fait avec le sillon longitudinal contenant cette dernière rivière, avant cette réunion, un angle, qui est précisément la somme de la différence de direction entre le système dirigé du N.-O. au S.-E., et du N.-E. au S.-O.

Le cours seul de cette rivière devait donc déjà faire soupçonner dans les Carpathes deux grands systèmes opposés de direction, dont des indications semblables se retrouvent du reste dans les bifurcations du Raba, à Mszana-Dolna, dans le concluent du Skawa et du Skawica, et dans celui du Koszarawi et du Sola ; sillons tous placés au-devant du groupe granitique de Tatra.

M. Boué donne encore de nombreux exemples de ce changement subit dans le cours des eaux, et appuie en particulier sur les failles, qui permettent à l’Aluta de s’échapper en Walachie à travers les montagnes de Fagaras, sur celles qui facilitent la sortie de la Transylvanie au Maros et Samos, sur les défilés trachytiques, donnent du côté S. et N. un écoulement aux eaux du pays des Szecklers, etc. Il termine par l’indication d’autres vallées transversales dont la position et la réunion paraitraient démontrer des fendillemens moins considérables. Si çà et la des chaînes avaient été coupées en entier, ailleurs la force destructive n’aurait pu produire que des déchirures sur les deux versans ou seulement sur un. La chaîne méridionale et occidentale de Transylvanie en offre de bons exemples.

En résumant les détails donnés, M. Boué arrive à la conclusion suivante :

« En faisant abstraction de la direction des rivières dans les plaines comme trop accidentelle, les montagnes de la Hongrie et de la Transylvanie indiqueraient des redressemens et des fendillemens