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et, réunissant dans une seule époque des formations d’âges très différens, suivant nous, dépôts alluviens et lacustres, brèches osseuses, dépôts des cavernes, il arrive naturellement à conclure que l’homme est contemporain de l’Elephans primigenus, de l’Ursus spelœus, et même des palæothères et des chéropotames.

Quelle que soit la valeur qu’on attache à ces déductions hardies sur l’antiquité de notre espèce, elles ne seront pas sans utilité pour la science ; elles font naître le doute sur ce fait admis trop légèrement de la présence de l’homme à une seule époque, et surtout elles font sentir la nécessité, pour l’avenir, d’obervations plus précises sur les dépôts des cavernes.

Lorsqu’en effet une semblable divergence d’opinion se manifeste entre des observateurs habiles qui ont visité les mêmes lieux, que ces opinions n’ont, d’ailleurs, rien d’absolument improbable, on ne doit chercher ni à compter, ni même à peser les suffrages, on doit encore moins supposer que l’amour-propre défends seul une opinion que sa nouveauté aurait fait embrasser, mais attendre que de nouvelles observations faites avec la rigueur qu’y porta M. Buckland éclaircissent, une question que la précipitation dans les fouilles a peut-être seule obscurcie.

M. Tessier vous a montré par la description anatomique des crânes des cavernes du midi, qu’ils appartenaient à la race caucasique si que avec quelques caractères particuliers que M. Clément-Mullet croit reconnaître dans les squelettes d’une haute antiquité de Nogent-les-Vierges. N’oublions pas que si les plus anciens débris humains trouvés jusqu’à ce jour en France et en Belgique, signalent déjà la présence de la race caucasique, les ossemens du Lehm de l’Àutriche annoncent l’existence d’une race qui, dans ses formes étranges, ne peut se comparer qu’à la peuplade du Haut-Pérou, dont M. Pentland a découvert les tombeaux.

M. Jaeger de Stuttgard a annoncé la découverte d’un nouveau gite d’ossemens humains près de Cannstadt, mais il paraît que là comme en Alsace, où la découverte importante de M. Boué n’a pas été suivie avec l’intérêt qu’elle méritait, ni le gisement, ni les caractères, si essentiels de races et de variétés, n’ont pu être reconnus avec certitude. Quels faits, cependant méritent des recherches plus attentives que ceux auxquels nous devrions la connaissance des caractères primitifs de notre espèce, du premier séjour des races, et des premiéres migrations des peuples ?

Vous avez entendu avec un vif intérêt la notice de M. Héricart