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« Voilà donc des faits qui contredisent l’assertion que le porphyre noir est un dépôt plus récent que le porphyre rouge, et qui fait sortir le premier à travers le second.

« Dès 1825, pendant ma première visite avec M. de Buch, nous avions été frappés de la position apparente de plusieurs masses de porphyre rouge entre Maroggio et Bissone, masses qui paraissaient former des filons dans le porphyre noir. Le temps nous manqua pour examiner à fond cette localité, et les apparences opposés sur la route de Rovio nous semblèrent alors si décisives, que nous fûmes disposés a ne voir dans cette localité douteuse qu’un bouleversement local. Cependant la forme de ces masses de porphyre rouge demandait un examen approfondi, puisqu’elles présentent encore plus qu’à Melano les conditions requises d’un gîte de filons traversant verticalement le porphyre noir(voy. fig. 4). Heureusement les roches de cette localité ont été mises a nu jusqu’à une hauteur de plus de 1,000 pieds par les contours de la nouvelle et belle route de Maroggia à Arogno ; je me hâtai donc de poursuivre mes recherches le long de ces coupures.

« À mesure qu’on monte cette route ondulée, on revoit à chacun de ses contours les masses de porphyre rouge ayant de 10 à 12 pieds de puissance ; on les suit jusque près d’Arogno, et en s’élevant depuis là sur les crêtes dominant ce village, et s’étendant entre lui et Campione, on y remarque encore, à environ 1,500 pieds sur le lac de Lugano au milieu de la masse dominante du porphyre noir une crête de porphyre rouge de 15 pieds de puissance, et courant du S.-O. au N.-E.

« Je laisse aux géologues expérimentés de la Société géologique à décider quel nom on doit donner à des masses n’ayant qu’une si faible épaisseur, et une étendue verticale de 1,500 pieds ; je me contente d’ajouter que les limites des deux porphyres sont partout tranchées, qu’il ne s’établit nulle part des passages de l’un à l’autre, quoique assez souvent les deux roches à leur contact soient très décomposées ou altérées sous la forme d’une espèce de wacke.

Cette position du porphyre rouge dans la roche noire me parut d’autant plus importante qu’elle me rappelait étonnamment des rapports tout-à-fait semblables entre le granite rouge du Mont-Mulatto et le porphyre pyroxénique, ou les roches trappéennes noires de Predazzo en Tyrol. (Voy. mon Mémoire sur les Alpes méridionales dans le Zeitschrift f. Mineralogie, 1829). Le porphyre rouge du lac de Lugano est très différent de celui de la partie sud-est