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formant, presqu’à la même hauteur, des couches inclinées sans avoir été soulevées, et indiquant aussi toute la limite ouest des eaux du lac ; mais ce sont surtout les calcaires à phryganes qui présentent sous ce rapport les faits les plus curieux. On les rencontre dans un grand nombre de localités, et à des hauteurs très différentes qui indiqueraient que le Léman d’Auvergne aurait éprouvé des changemens notables dans la hauteur de ses eaux. »

M. C. Prévost demande si l’on peut conclure de la présence des phryganes a des hauteurs variées, des abaissemens et des élévations successifs dans la surface du lac, et si les phryganes que l’on rencontre paraissent toutes de même espèce.

M. Lecoq répond que l’on peut admettre des abaissemens successifs, mais que l’on ne peut affirmer qu’il y ait eu des cours d’eau assez forts et assez prolongés pour élever la surface de l’eau de manière à ce qu’elle soit indiquée par une formation quelconque.

« Les calcaires à phryganes qui sont évidemment concrétionnés, ne sont en général, dit M. Lecoq, recouverts par aucune formation, mais on trouve cependant au milieu des calcaires marneux, des masses concrétionnées que l’on peut voir à Gergovia, et qui ne contiennent pas de tubes dans leur intérieur ; ces masses sont placées les unes à côté des autres de la manière la plus régulière, on les retrouve en abondance à Chaptuzat, à 8 lieues de Gergovia, présentant les mêmes caractères, et toujours recouvertes par de nouveaux calcaires. Dans cette dernière localité, ces calcaires concrétionnés prennent des formes variées ; ils ressemblent surtout à des choux-fleurs en masses alongées, arrondies, et mamelonnées à leur partie supérieure, rétrécies à leur base. Toutes ces masses sont placées de telle manière que leur grand axe est vertical, comme si elles avaient végété dans l’eau, et comme si la matière calcaire s’était déposée autour de végétaux à tiges simples et droites à racines implantées dans des dépôts inférieurs, de telle sorte que ces végétaux étaient incrustés avant d’avoir le temps de croître. Souvent ces espèces de choux-fleurs se raccourcissent, deviennent de véritables boules toujours concrétionnées, ou même des grains si petits et si ronds, qu’ils ressemblent au plomb de chasse, et servent au même usage ; enfin ils se transforment en oolithes et constituent de petites couches régulières au milieu de ces formations.

« Si l’on parvient à découvrir une petite partie de la surface de ces masses concrétionnées et verticales, leurs sommets rapprochés et nivelés forment une sorte de mosaïque si parfaite et si horizontale,