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la masse granitique qui forme le cirque, pouvant être considérée comme une masse incohérente, ces fentes ont pu s’y résoudre en fendillemens ou plutôt en déplacemens des blocs de granite, comme le ferait un tas de galets ou de pierres détachées qui viendrait à être soulevé ; mais si la nature du granite permet de répondre à toutes les objections, il est aussi très naturel de penser que, par cela même que c’est une roche fragmentaire de peu de résistance, elle a pu être en partie projetée et soulevée, comme une soupape de sûreté, par la force puissante et expansive qui a poussé à la surface les roches volcaniques qui occupent aujourd’hui le centre du cirque granitique. Les granites projetés avec violence, se sont naturellement disposés en forme d’entonnoir, comme cela a toujours lieu dans les éruptions des matières incohérentes. On pourrait citer comme exemples bien remarquables de cas analogues, la formation des iles Julia et Sabrina.

« MM. de Beaumont et Dufrénoy ont avancé à l’appui de cette théorie, que les grandes nappes si régulières de basaltes qui forment la surface inclinée de certains cratères n’avaient pu se former qu’horizontalement ; et, invoquant à ce sujet les lois de l’hydrostatique, ils ont dit : « qu’une pente couverte de basalte était plus évidemment due à un mouvement de l’écorce du globe, qu’une pente formée par une couche de calcaire à lymnées, déposée par les eaux d’un marais ; et qu’un cône de basalte était nécessairement un cône de soulèvement. » (Voir le journal de l’Institut du 8 juin.)

« Il est certain qu’avec notre habitude de ne comparer tout qu’à ce que nous voyons journellement se passer sous nos yeux, si, comme l’a fait M. de Humboldt, on met en parallèle les bandes étroites de laves qui coulent des cratères des volcans permanents, avec les nappes basaltiques qui constituent de larges plateaux, l’on ne pourrait, en effet, expliquer la position inclinée des nappes basaltique que par un soulèvement ; mais de ce que nous n’avons jamais rien observé de comparable dans les volcans modernes, s’ensuit-il que l’on doive regarder comme impossible la formation des coulées basaltiques, telles qu’elles existent aujourd’hui à Palma, à Ténériffe, au Mont-Dore et au Cantal, ainsi que le soutient avec tant de raison un géologue célèbre, M. Cordier ? Toutes les observations tendent à démontrer qu’à une époque plus ancienne les actions volcaniques s’exerçaient avec plus d’énergie ; il n’est donc pas contraire à la raison de supposer que les coulées basaltiques s’étant faites avec plus d’abondance et d’intensité que les coulées, modernes, aient pu se