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Mémoires, et invite ses membres à envoyer des travaux destinés en faire partie.

M. Leymerie, professeur de physique au collège de Troyes, fait à la Société la communication suivante sur le soufre natif et la sélénite qu’il a trouvés dans la craie de Montgueux (Aube).

« Les substances qui fond l’objet de cette note ont été découvertes dans une crayère située à trois lieues (O.-N.-N.-O.) de Troyes, près du village. de Montgueux. La craie que’l’on retire de cette localité renferme peu de fossiles ; je n’y ai jamais vu que le Spatangus coranguinum ; elle ne renferme point de silex, si ce n’est tout-à-fait à la partie supérieure, où l’on trouve quelques plaquettes très minces formant des veines très inclinées et très peu étendues. On y observe des rognons pyriteux et des sphéroïdes d’un fer hydraté, argileux, couleur de rouille très tachant, qui pourrait peut-être former une variété particulière La masse crayeuse qui présente à Montgueux un escarpement de 12 à 15 mètres, est interrompue çà et là par des cavités remplies d’une terre argilo-ferrugineuse, dont le minéral que je viens de citer paraît être pour ainsi dire l’essence. Le tout est recouvert d’une couche de cette même terre renfermant des silex cornés, dont plusieurs sont configurés en oursins, et du fer hydraté brun en masses cloisonnées et en petits rognons. Cette craie est exploitée comme pierre à bâtir ; elle a, par conséquent, plus de dureté que la craie blanche des environs de Paris, dont elle diffère au reste par l’absence des lits horizontaux de silex, et de la plupart des fossiles qui caractérisent ce premier étage de la formation crayeuse.

« C’est dans un bloc extrait de cette carrière que l’on a trouvé dernièrement un rognon ovoïde d’environ 0 m 16 de longueur. Un coup de pioche donné dans ce rognon l’a brisé en plusieurs fragmens, et a mis à découvert un amas de soufre pulvérulent, mêlé de paillettes et de cristaux ébauchés de Sélénite. La croûte a peu d’épaisseur ; c’est un fer hydraté, qui, si l’on s’en rapporte à l’aspect cristallin de sa surface extérieure, paraît résulter de la décomposition d’une pyrite[1]. Ce soufre est assez pur ; il est

  1. C’est pour me conformer aux idées reçues, et pour ne pas embarrasser cette note d’une discussion minéralogique, que je considère cette croûte comme une pyrite décomposée ; je crois, au contraire, qu’ici comme dans la plupart des cas où l’on a considéré le fer hydraté comme une épigénie du fer sulfuré, ce minéral a été formé directement. Je donnerai mes raisons ailleurs.