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de blocs de trachyte ressemblant au trapp, de masses scorifiées et de véritables cailloux d’amygdaloïde, de manière qu’elles présentent une analogie trompeuse avec les agglomérats porphyriques et amygdalaires, du grès rouge du Harz ou du Thuringerwald. De plus, les couches de laves se distinguent autant par leur quantité de feldspath que par la grande régularité de leur dépôt, de la nature et du mode de dépôt des laves actuelles sur les pentes de l’Etna.

Il n’est donc pas étonnant que j’aie été induit à croire que ces agglomérats semblables aux grès secondaires, ces bancs de laves si minces et si réguliers, et à croûte scoriacée, avaient été étendus horizontalement sur le fond d’une ancienne mer, et n’avaient été placés que plus tard dans leur position circulaire excentrique actuelle, par la force qui avait poussé les masses trachytiques subjacentes. Je passe sous silence l’influence qu’ont pu avoir sur ma manière de voir les observations faites ailleurs sur des apparences géologiques jugées alors semblables. Ainsi je ne crus pas devoir hésiter à communiquer à quelques uns de mes amis cette découverte que je croyais intéressante pour l’histoire de la formation de l’Etna ; malheureusement mes lettres furent rendues publiques.

Pendant long-temps je regardais donc comme achevée cette partie de mes recherches, et ma théorie suffisamment prouvée, puisqu’elle paraissait si conforme aux idées que j’avais en entrent en Italie. Les observations faites plus tard à l’ile volcanique surgie de la Méditerranée, ainsi qu’à l’ile de Pantellaria, ne contredisaient en rien mes opinions déjà enracinées ; mais il en a été tout autrement pour mon examen postérieur des iles de Lipari.

Le volcan de Stromboli[1] parut d’abord très favorable à mon idée préconçue. Sa superficie est formée à moitié par un manteau régulier composé d’agglomérats et de bancs de laves, dont les coupes avaient une analogie frappante avec celles du Val del Bove. Au milieu de cette ceinture semi-circulaire est situé le cône d’éruption à moitié formé, dont le côté tourné vers la mer est rongé sans cesse par les vagues. Nous pensions déjà (j’étais avec M. Escher fils, de Zurich) avoir trouvé un volcan normal, avec la ceinture de son cratère de soulèvement. Néanmoins un examen plus exact sur la section si récente du cône d’éruption

  1. Voyez les coupes données dans les Annales de Poggendorff.