Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans doute parce qu’elle n’a été que partielle. Il serait possible que ce fût à ce soulèvement que les serpentines dussent leur épanchement à travers les assises inférieures de la craie, car elles ne paraissent pas s’être élevées jusqu’au second système des grès verts, de marnes et de calcaires blancs à hippurites et nummulites qui les recouvre ; comme les ophiolites ne percent guère qu’en Argolide, cela s’accorderait bien avec la supposition d’un soulèvement partiel, et expliquerait pourquoi, en Messénie, les poudingues reposent sur les calcaires compactes en gisement très concordant.

« Il existe donc en Morée, comme dans les Pyrénées et les Alpes, un grand système crayeux composé de calcaires compactes, quelquefois de calcaires grenus ou sub-saccharoïdes avec des jaspes, des grès, des silex, offrant des caractères minéralogiques tellement différens de ceux de la craie du nord de l’Europe, qu’avant d’y avoir rencontré des fossiles, qui y sont presque un caractère négatif, M. Boblaye et moi nous l’avions considéré comme beaucoup plus ancien.

« Ainsi, le midi de l’Europe, à l’époque du dépôt de ce terrain, était occupé par une immense mer qui s’étendait de l’océan Atlantique jusqu’en Asie, et comprenait le midi de la France avec l’Espagne, la Sicile, une partie de l’Italie et des Alpes autrichiennes, la Dalmatie et l’Albanie, car je ne fais aucun doute qu’il ne faille maintenant ranger le grand système de marnes et de calcaires compactes à hippurites et nummulites de cette contrée, dans le terrain de craie et du grès vert. Il a été reconnu en Syrie par M. Botta, où il constitue une partie du Mont-Liban, et enfin j’ai encore retrouvé moi-même le système des calcaires bleus à hippurites et des calcaires compacts dans les îles du nord de la mer Egée, sur les côtes de la Thrace, en Troade, et même au Cap Bon en Afrique. »

────────


M. de Bonnard met sous les yeux de la Société un plan et une coupe du terrain houiller de Hardinghen, dans le Bas-Boulonnais, dressés par M. Garnier, ingénieur en chef des mines. Cette coupe, appuyée sur un grand nombre d’observations, faites tant à la surface du sol, que dans l’intérieur des mines, confirme et développe les faits reconnus par M. de Bonnard en 1809, et annoncés en partie par lui en 1810 et en 1818, relativement aux circonstances géognostiques particulières que présente le terrain houiller du Boulonnais, surtout en ce qui concerne les rapports de ce terrain avec le terrain du calcaire-marbre. On y voit que le terrain houiller, dont les couches, disposées en forme de selle, ont un double pendage vers le N. et vers le S., et qui doit être regardé comme