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des carrières de Crocées, décrite, par Pausanias, sur la route de Sparte à Gythium, carrières qui, suivant cet auteur, fournissaient aux Romains une roche magnifique employée à décorer les temples, les bains et les pièces d’eau. M. Boblaye a reconnu dans ce marbre du bourg de Crocées un porphyre vert identique à celui que les antiquaires et les minéralogistes désignent sous les noms de porphyre vert antique, de serpentine, d’ophite, porphyre dont ils retrouvaient depuis long-temps des fragmens dans les monumens anciens de la Grèce et de l’Italie, et dont ils ignoraient l’origine.

Ce fait établi, l’auteur est conduit à rechercher quelle était la roche célébré, par toute l’antiquité sous le nom de marbre lacédémonien  ; il démontra par un grand nombre de passages tirés des auteurs anciens que ce n’était point un marbre véritable ni une brèche calcaire, comme l’ont cru les commentateurs modernes et la plupart des anciens, mais le porphyre vert antique.

L’identité démontrée du marbre lacédémonien avec un porphyre que les marbriers de l’Italie désignaient depuis long-temps, à raison de son seul aspect, sous le nom de serpentin ou d’ophite, dissipe l’obscurité d’un passage de Pline. liv. 36, ch. 7, qui ne paraît pas avoir été compris par les traducteurs et commentateurs modernes : il devient prouvé que Pline y a désigné le marbre lacédémonien ou le porphyre vert sous le nom d’ophite. et que, dès lors, à défaut d’autre autorité, on avait du moins celle du naturaliste romain pour introduire, avec cette acception, le nom d’ophite dans la nomenclature moderne.

M. Boblaye termine ce Mémoire en exposant les inconvéniens qu’aurait d’ailleurs son adoption : confusion, ou du moins idée de rapports avec les ophiolites ; groupes de roches tout-à-fait distinctes ; emploi d’un nom qui, dans l’antiquité comme de nos jours, a été appliqué à un grand nombre de roches diverses, et enfin défaut d’analogie avec les noms de porphyre, mélaphyre, mimophyre, etc., dont l’usage est consacré par le temps, et qui forment le groupe si naturel l’ophite doit entrer ; il propose, en conséquence, de le remplace, par Prasophire. nom qui indiquerait sa racine, la couleur de la roche, et, par sa désinence, la place qu’elle occupe dans le groupe porphyritique.

M. le président rappelle que la Société doit désigner celui des secrétaires qui fera en janvier 1833 le rapport des travaux de la Société durant l’année 1832, et que deux commissions d’impression pour le Bulletin et les mémoires être complétées ou renouvelées.