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donc d’abord s’il y a ou non redressement, avant de nous perdre peut-être dans des déductions inutiles.

Après avoir revu l’an passé les Apennins, je suis revenu encore moins persuadé que jamais qu’il y avait là un système de soulèvement nord-ouest ou sud-est, puisque la direction des couches intactes ou altérées, des filons et des masses plutoniques, est du sud-ouest au nord-est.

Je ne puis pas non plus admettre que l’époque de soulèvement caractérisée par les rides et les fentes dirigées du nord-ouest au sud-est comprenne les vallées de la Drave, de la Save et de la Mur. Je dois rapporter la formation de ces sillons à une époque plus ancienne que l’époque tertiaire.

Si le parallélisme des chaînes devait indiquer une époque commune de soulèvement, il arriverait que les chaînes de l’Écosse et de l’Angleterre auraient été soulevées en même temps que les chaînes de l’Alp jurassique d’Allemagne, et que la chaîne hongroise du Bakonywald. Or, les premières chaînes ont été soulevées avant le grès pourpré, puisque celui-ci recouvre quelquefois les tranches de leurs couches redressées ; l’Alp d’Allemagne est composé de couches horizontales de l’époque jurassique, et le Bakonywald, de roches un peu bouleversées de l’âge jurassique et crayeux.

Les chaînes des Vosges, de la Forêt-Noire et de l’Odenwald, forment deux rides parallèles. Dans la première, le Muschelkalk se trouve au bas d’une falaise de grès bigarré ou vosgien ; dans l’autre, le même dépôt est sur la crête des montagnes de ce même grès, et vers le sud, tous les dépôts secondaires sont redressés jusqu’aux oolites, toujours sur la même ligne nord-est, sud-ouest.

Dans les provinces Illyriennes, la direction des couches primaires et intermédiaires est environ la même que celle des couches secondaires ; mais ces dernières sont cependant en gisement transgressif sur les premières. Il y aurait donc là un exemple de deux révolutions sur la même ligne de direction, ce qui n’est pas admissible d’après la théorie de M. de Beaumont.

Au reste, j’ajouterai que M. de Rosthorn, qui s’est occupé depuis longues années à marquer, sur sa carte de l’Illyrie, la direction et l’inclinaison des couches de chaque dépôt, est arrivé à se trouver au milieu d’un véritable labyrinthe de directions et d’inclinaisons variées. M. Merian avoue qu’il est arrivé au même résultat dans la Forêt-Noire.