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d’une couche à l’autre, quoique par leur nature ces couches soient très-différentes ; ces espèces restent les mêmes ou subissent peu d’altération, quoique la composition des couches qui les recèlent ait été considérablement modifiée.

En admettant ces deux faits comme incontestables, et ils le sont, c’est-à-dire que la composition minérale des couches est très-variable, tandis que les débris d’êtres organisés qu’elles renferment ne le sont qu’infiniment moins, on peut conclure évidemment que, si l’on veut trouver un moyen, une mesure pour déterminer les limites d’une formation, on doit les chercher dans ce qui est le moins variable, on doit les prendre aussi dans ce qui présente quelque chose à l’esprit.

Qu’est-ce qu’une période minéralogique ? On ne peut le concevoir, tandis que tout le monde comprendra ce que c’est qu’une période zoologique. Cela sera d’autant plus facile, que nous avons sous les yeux une de ces périodes, et que nous pouvons la comparer avec une période de la nature ancienne, que nous pouvons par approximation nous figurer cette nature ancienne, parce que nous avons avec elle un point fixe de comparaison.

Dès lors une formation est une période zoologique ; conçue rationnellement, elle est représentée par un certain nombre des couches de la terre recélant un ensemble d’êtres organisés qui ne se trouvent que dans ces couches.

Il faut donc connaître les corps organisés pour décider les limites des formations ; cette conclusion est de toute rigueur.

Ainsi une formation ne sera pas limitée par le changement subit de la nature de la roche, par la position contrastante des couches, par des phénomènes de soulèvement, de dislocation, etc. Tout cela peut fort bien n’être que des accidens locaux ; tous ces accidens ont pu survenir sans que les êtres vivans aient éprouvé d’altération, et c’est en effet ce que l’observation démontre. Mais quand on pourra dire : Un tel ensemble d’êtres organisés a commencé à telle couche et a fini à telle autre couche, et à cet ensemble en a succédé un autre qui ne lui ressemble pas, on aura fixé définitivement la longueur d’une période de vie ou d’une formation ; et il n’en faut pas douter, dans l’ensemble des couches de la terre il y a plusieurs de ces périodes.

Si ce qui précède est fondé en raison, en logique, que devient donc l’opinion de ceux des géologues qui croient pouvoir soutenir, avec M. Boué, que la géologie peut se passer de l’étude des corps organisés fossiles ? Il est évident que cette opinion n’a point de base. On peut bien dire que quelques personnes ont introduit dès