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se dirige vers la mer de Gascogne, et que l’autre est la seule dont le prolongement atteindrait la mer de Galice. On peut aussi se convaincre qu’aucun repli ne se fait remarquer entre les deux arêtes juxtaposées, et qu’elles se joignent seulement par leurs pentes inverses dans le bassin de Beret qui fut aussi un ancien lac dont les eaux comme celles du grand bassin de Cerdagne ont dû s’écouler à la fois vers la France et vers l’Espagne.

Ainsi, la chaîne des Pyrénées, quoiqu’elle soit l’une des plus simples, est néanmoins composée de plusieurs arêtes qui affectent des directions différentes, soit dans l’alignement de leurs masses, soit dans celui de leurs strates. Cette disposition l’assimile aux autres chaînes plus compliquées, et prouve que son exhaussement s’est pareillement opéré par le concours de plusieurs révulsions partielles, soit contemporaines, soit successives.

Cette induction ne s’accorde point avec la théorie si ingénieuse et si séduisante de M. Élie de Beaumont qui attribue à diverses époques les soulèvemens dont la direction n’est point la même, et suppose néanmoins que les Pyrénées ont été formées d’un seul jet. Que devient en effet cette théorie, si le chaînon du Canigou et du Puygmal et celui des sources de l’Ariège et du Salat qui se croisent sous un angle de plus de 30°, ont été le produit d’une même évulsion.

On trouve dans les Pyrénées les indices de roches soulevées à plusieurs époques, soit avant, soit après celle des dépôts secondaires les plus récents portés au sommet du Mont-Perdu.

Le plus ancien de ces indices est la présence des calamites dans les grauwackes de la Maladetta et dans les dépôts d’anthracite des terrains intermédiaires. L’époque du soulèvement de ces terrains anciens n’est pas bien connue, mais quand ils se sont formés, les végétaux dont ils ont enfoui les restes couronnaient les hauteurs voisines de leurs bassins, et ces hauteurs étaient déjà des montagnes.

D’autre part, on a observé dans le Roussillon les molasses tertiaires soulevées comme au voisinage des Alpes. C’est au débouché de la Tet, dans la plaine, qu’on peut vérifier ce fait important, le seul peut-être où le terrain tertiaire de sédiment, non alluvial et pareil à celui de l’Hérault ou des Apennins, se trouve en contact avec les roches pyrénéennes. Car depuis les bords de la mer de Gascogne jusqu’à l’embouchure du Tech dans la Méditerranée, la chaîne se montre partout entourée de terrains d’alluvion : mais à Nafiach, près Millas, les sables du dépôt coquiller laissent à découvert un grand lambeau de molasses et de marnes sableuses