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vallées où coulent les affluens de la Garonne et de l’Adour, un grand nombre d’arêtes obliques, dirigées ainsi que leurs strates vers l’O. N. O, et même vers le N. O, Le cours des torrens y est, à divers intervalles, parallèle à ces strates et à ces arêtes qu’il interrompent ensuite en se repliant dans des coupures étroites et transversales. Cette direction fréquente des strates des Pyrénées vers l’O. N. O. ayant été d’abord reconnue par M. Palassou, puis vérifiée par d’autres observateurs, on n’a en aucun égard aux exceptions que le premier avait indiquées, ni à beaucoup d’autres non moins réelles. On s’est hâté d’ériger cette direction en loi générale et de lui assujettir la chaîne toute entière. Mais cette induction s’évanouit devant la preuve directe que des bancs dirigés vers l’O. N. O. s’écarte au moins de 15° de l’alignement de l’axe pyrénéen. M. Palassou a eu le mérite d’apercevoir le rapport qui existe entre la disposition des strates et l’axe de la chaîne, quoiqu’il eût d’abord méconnu la vraie direction de celui-ci, mais en rectifiant cette détermination comme l’a fait, en 1819, ce respectable observateur dans ses derniers travaux sur l’ophite[1]. Il suffit d’appliquer le rapport qu’il avait découvert, non à la direction locale de quelques strates, mais à la direction moyenne de tous. En effet, plusieurs arêtes des Pyrénées sont dirigées vers l’O. S. O., et leurs bancs suivent cette direction ; telle est celle du Canigou dont on voit sur les sommités les gneis et les schistes micacés dirigés comme la protubérance dont ils forment le faite.

On rencontre aussi, mais assez rarement, des bancs dirigés comme la chaîne totale de l’Est à l’Ouest. Les anomalies de ces directions sont très nombreuses et souvent très rapprochées.

Les sinuosités du faîte rendent manifeste la multitude de petites arêtes, qu’il est moins facile de distinguer dans les régions moyennes. Leur obliquité relativement à l’axe central, leur incidence réciproque et leur jonction en un faîte sinueux prouvent que la chaîne des Pyrénées a été comme toutes les autres, le produit d’un grand nombre de soulèvemens partiels. Cette conséquence qui se déduit des irrégularités de détails de la crête centrale est confirmée parle rapport de ses grandes et principales divisions.

Indépendamment des chaînons qu’on peut reconnaître sur les deux versans, il y en a trois principaux et bien distincts qui concourent à former ce long faîte des Pyrénées. L’arête qui domine région orientale suit la direction de l’E. N. E. à l’O. S. O. Elle s’étend

  1. Suite des Mémoires, p. 415.