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On lit une Notice sur les Alpes Bernoises, de M. le professeur Studer, de Berne.

« Depuis six ans, dit M. Studer, je me suis occupé de la géologie des Alpes entre la dent de Morcles et la Jungfran, et maintenant je vais mettre au net mes observations pour les publier. Les fossiles recueillis suffiront, j’espère, pour caractériser les divers dépôts et pour déterminer l’âge des oolites ferrugineuses de Lauterbrunn et des calcaires de Bex, de Boltigen et de Stockhorn. C’est M. Voltz qui est chargé de contrôler mes déterminations dans sa belle collection. Les plus anciennes couches calcaires paraissent toujours appartenir au lias ou du moins au calcaire jurassique le plus ancien ; les plus récentes, aux assises inférieures de la craie, mais il y a de plus des dépôts jurassiques moyens, du moins dans cette partie de la Suisse, qui n’est qu’un prolongement de la chaîne de Savoie.

A l’est du lac de Thoun, au contraire, la craie commence à prédominer tellement que tous les dépôts secondaires plus anciens paraissent élagués jusque dans la vallée du Rhin, et même peut-être encore plus à l’est. La grande confusion de la géologie alpine ne paraît provenir de ce qu’on a été habitué à regarder la chaîne sédimentaire entière depuis Vienne jusqu’au Rhône comme une série continue de dépôts semblables, et de ce qu’on a cru pouvoir appliquer les résultats tirés d’une coupe à l’explication d’autres profils. Tous ces faits tendent, au contraire, à prouver que cette uniformité des rapports géologiques n’existe pas dans la nature.

Dans les Alpes calcaires on voit des formations isolées apparaître, se renfler prodigieusement, prendre la place d’un dépôt voisin et se perdre aussi à leur tour, comme cela a aussi lieu dans les pays de plaine. On approcherait plutôt de la vérité en supposant pour terme de comparaison qu’une chaîne de la hauteur de nos Alpes primaires à surgi tout-à-coup entre Paris et Berlin, et a subitement exercé une grande pression sur tous les divers dépôts sédimentaires qui couvraient jadis la fente dont une pareille chaîne serait sortie. Il faut se contenter de suivre pas à pas les différentes formations, et, au lieu de sauter d’un profil à un autre, de tracer les chaînes qui ont été rompues dans l’un jusque dans l’autre, afin de se convaincre si elles existent bien dans les diverses coupes ou pour trouver l’endroit de leur disparition. Tel est le plan que j’ai suivi dans nos Alpes, et le résultat a répondu à mes espérances. J’ai pu tracer sur une carte les limites des dépôts que je crois nécessaire de distinguer ; et six profils à travers la chaîne du Valais jusqu’à la molasse montrent les rapports de gisement et la forme extérieure