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pu reconnaître dans les volcans brûlans ou éteints que trois sortes de cratères, savoir :

1° Cratères dans lesquels les gaz seuls ont été en action, et ont opéré à la surface du terrain d’une manière tout-à-fait analogue à l’explosion des mines que l’on fait jouer dans l’attaque et la défense des places. Ces cratères ont peu ou point de saillie ; ils affectent la forme d’un entonnoir irrégulier, dont les bords sont composés des couches mêmes du sol qui a été percé. Lorsque ces couches sont solides, l’affouillement offre souvent des escarpements peu ou point accessibles. On ne voit autour de l’hiatus que les débris dispersés et communément peu abondans du sol qui a été superficiellement évidé par la violence des gaz.

2° Cratères dans lesquels l’éruption des gaz, amenant des profondeurs de la terre de la lave liquide et incandescente, a projeté en l’air cette lave à l’état de déjections incohérentes de volumes divers, et qui se sont successivement accumulées sous forme de montagne conique plus ou moins parfaite, autour de la cheminée éruptive. Ces cratères ont toujours une grande saillie ; la coupe, abstraction faite du travail ultérieur des solfatares, est toujours parfaitement accessible à l’intérieur.

3° Cratères qui, après avoir été formés comme les précédens, ont fini par dégorger de la lave liquide, qui, en s’épanchant, a plus ou moins échancré leurs contours.

La formation de chacun de ces différens cratères effraie le vulgaire, et souvent même le géologue, par les détonations qui l’accompagnent ; mais en résultat, la percée du sol n’en est pas moins un phénomène purement local, qui n’affecte pour ainsi dire qu’un point dans la masse du terrain traversé, qui opère sans soulèvement aucun de cette masse, qui s’effectue par une série de fentes très peu étendues, et dont les effets paraissent excessivement minimes quand le bruit a cessé. De plus, les tremblemens de terre accompagnans ne laissent communément aucune trace sensible de bouleversement dans la masse du pays environnant. Cette partie de l’écorce du globe est restée comme immuable dans ses fondemens.

Quant à la dénomination de cratère de soulèvement, l’association de ces deux mots est, selon M. Cordier, presque vide de sens. Elle est, suivant lui, aussi fausse et aussi vicieuse que l’hypothèse qu’on a eu l’intention de qualifier par son moyen. En effet, cette hypothèse est gratuite ; elle pose en fait l’existence et le renouvellement multiplié d’un phénomène qui est sans exemple,