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cratère. Aussi n’est ce pas sans peine que nous parvînmes à faire le tour complet de l’île, en passant à travers cette étuve de vapeurs brûlantes, et parfois suffocantes, car l’odeur sulfureuse n’était pas toujours sensible, lorsque nous étions au centre de la colonne de vapeur. Dans un espace, qui peut avoir 50 à 60 pieds de long, le sable noir de la plage est véritablement brûlant ; le thermomètre indiquait sur le sol baigné par la mer, à chaque flot, une température de 81 à 85 ° ; l’eau qui restait dans les dépressions semblait bouillir ; mais en y plongeant la main je ne la trouvai pas assez chaude pour qu’elle pût s’évaporer ; enfonçant ma main à quelques pouces dans le sable brûlant de la surface, je le trouvai frais. Dans une de ces expériences, l’un de mes doigts s’étant trouvé sur le trajet d’une bulle de gaz ou de vapeur qui, visiblement était partie d’une grande profondeur, je fus vivement brûlé, et convaincu que l’ébullition était produite par des bulles qui venaient de l’intérieur de la terre ; chacune d’elles projetait même avec une légère détonation, du sable et des grains volcaniques représentant autant de petits cratères d’éruption. Parmi ces milliers de volcan en miniature, j’en fis remarquer un qui me servit à donner à mes compagnons de voyage une idée de la manière dont l’île Julia avait été formée. Il avait environ un pied de diamètre, c’est-à-dire que le sable et les scories lancés continuellement par lui, jusqu’à 2 pieds de haut, avaient formé autour de la bouche d’éruption une sorte de taupinière d’un pied de base sur 5 à 6 pouces de hauteur, je fis ébouler les parois extérieures de ce cône, et j’en fis un cratère semblable à l’île Julia.

Je cherchai en vain à enflammer le gaz qui s’échappait ainsi du sol ; il me parut sans odeur ; mais à quelques pas, des vapeurs sulfureuses sortaient des parois du grand cratère, et déposaient du soufre et du muriate de soude sur les parois environnantes. L’eau du bassin intérieur était à une température de 95 à 98°. J’avais promis une prime aux matelots qui me rapporteraient des cailloux blancs ou jaunes et des coquilles ; j’ai rassemblé plusieurs des premiers, et j’en ai trouvé moi-même mêlés avec les produits volcaniques. Ils sont altérés, et ils ont été projetés du fond avec les scories.

Tout me porte à croire que ce volcan a produit des coulées de laves sous-marines ; et si comme cela est présumable, l’apparition du cratère d’éruption a été précédée du soulèvement du sol qui paraît avoir été de 5 à 600 pieds au-dessous du niveau de la mer, il doit exister autour de l’île Julia, une ceinture de roches soulevées qui seraient le bord de cratère de soulèvement ; peut-être