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corrodées par des gaz, ont été relevées ensuite par des actions volcaniques plus violentes qui ont donné naissance à quelque chaîne de montagnes, ou ont exhaussé celles qui existaient déjà ; alors plusieurs de ces fentes ou fissures planes ou peu inclinées, ont pu fournir passage aux eaux de la surface, qui ont eu d’autant moins de peine à s’y introduire que les roches qu’elles traversaient avaient été plus corrodées.

Telle est l’origine qu’il suppose à la plupart des cavernes, surtout de celles qui ont servi ou qui servent encore, comme en Morée, de passage aux eaux de la surface ; mais là il n’y a eu aucune action corrodante, tandis que la grotte de Sillaka, aussi bien que le canal qui sert encore aujourd’hui de conduit aux eaux thermales de Thermia, ont été très probablement de ces cheminées ou fissures par où s’échappaient les produits gazeux de l’intérieur.

Une circonstance fort importante qui à Sillaka vient surtout à l’appui de cette hypothèse, et qui semble se lier à la formation de la caverne, c’est la présence des nombreux filons de fer qui courent dans tous les sens au milieu des micaschistes et des phyllades, en se rapprochant toutefois de la perpendiculaire au plan des couches qu’ils traversent. On peut donc supposer raisonnablement qu’ils sont contemporains de la fissure ou cheminée principale qui a donné naissance ensuite à la caverne, et que c’était par cette grande fissure que s’échappaient et les gaz et le fer qui, en se sublimant, est venu remplir toutes les petites fissures latérales du terrain, et donner naissance aux nombreux filons qu’on y remarque.

Enfin, M. Virlet pense, d’après son hypothèse, que si les cavernes sont plus nombreuses dans les roches calcaires que dans les autres roches, cela ne tient pas seulement à leur nature plus soluble, mais bien aussi à leur nature plus cassante et peu flexible ; circonstances qui font qu’elles ont dû se fracturer bien plus souvent que les roches schisteuses, au moindre soulèvement, quelque faible qu’il ait été, et donner lieu à de nombreuses crevasses, élémens d’autant de cavernes ; tandis que les roches schisteuses, naturellement plus flexibles et plus tenaces, en résistant à de faibles soulèvemens, ont éprouvé, au lieu de se fracturer, une certaine extension qui a été quelquefois assez considérable, si l’on doit en juger par les nombreuses ondulations et plis, ou refoulement de la roche sur elle-même, qu’on y observe souvent, et qui se seront formés lorsque ces roches momentanément soulevées ont repris ensuite leur position première.