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à peu de distance du rivage, se trouvent plusieurs sources thermales, salées, un peu amères, sans odeur sensible, et contenant peu de gaz ; elles sourdent du sol d’une petite plaine, en produisant de petits bouillons, qui se réunissent pour former un ruisseau qui va se jeter à la mer : quoique très rapprochées., elles diffèrent cependant de température ; la source principale, qui sert encore aujourd’hui de bains, n’a élevé le thermomètre qu’ 40°, tandis qu’une autre le fait monter à 50°, et une troisième, la plus chaude de toutes, à 57° centigrades.

Au village de Sillaka, situé dans la partie centrale de l’île, à environ 450 mètres au-dessus du niveau de la mer, existe une caverne immense qui a son entrée dans le village même ; elle est entièrement creusée dans des micaschistes et des phyllades souvent très durs.

L’existence d’une semblable caverne dans des roches de cette nature, est un fait nouveau et intéressant pour la géologie, qui n’avait pas encore été signalé ; elle est d’une étendue considérable, et ses caractères sont parfaitement conformes à tout ce qu’on observe dans les cavernes à ossemens. Des parois arrondies et irrégulières, divers embranchemens dans lesquels règnent d’autres petites cavités latérales sans issues, une suite de salles nombreuses, plus ou moins vastes, communiquant entre elles par des couloirs souvent fort étroits, sont les principaux de ces caractères ; ils sont d’autant plus faciles à saisir que, par la nature des roches et l’absence du calcaire dans les environs, elle est dépourvue de stalactites et stalagmites.

Toutes ces circonstances ne permettent pas à M. Virlet de douter qu’elle n’ait servi de passage à un courant souterrain, auquel est dû le dépôt limoneux et argileux bleuâtre qui en forme le sol. Il exprime ses regrets de ce que la fièvre, qu’il avait contractée depuis long-temps en Morée, ne lui ait pas permis de faire faire, dans la grotte de Sillaka, des fouilles pour s’assurer, comme il en est persuadé, que c’est une véritable caverne à ossemens ; et il cite à l’appui de cette opinion un fait, que M. Boblaye et lui ont eu souvent l’occasion d’observer en Morée, et dont ils parleront à l’article de la configuration générale de cette contrée ; ne sont des espèces de gouffres ou canaux souterrains, appelés dans le pays Katavotrons, par où s’écoulent les eaux des grandes plaines fermées, si remarquables, qui donnent à la Grèce un aspect tout particulier. Ces katavotrons, comme il a eu occasion de le vérifier plusieurs fois, sont de véritables cavernes à ossemens,