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§ 34. ─ Tandis que d’un côté on s’efforçait de retrancher certains couches de l’immense formation crayeuse, d’un autre, son domaine s’agrandissait aux dépens des terrains plus anciens, et vous vous souvenez, Messieurs, combien depuis peu d’années le caractère seul de la superposition a acquis à son égard de prédominance sur tous les entres.

Les roches les plus différentes de l’état crayeux, autrefois si caractéristique de cette formation, des marbres compactes et cristallins, des calcaires bitumineux, des calcaires oolithiques, des grès, du pouddingues, les couches les plus tourmentées, les plus élevées des Pyrénées et des Alpes y ont été successivement introduits.

Nous venons de voir comment des fossiles, considérés jusque là comme exclusivement propres aux terrains tertiaires, du moins quant aux genres, ont cessé d’être un obstacle à l’intercalation de certains dépôts dans cette même période crayeuse.

Vous vous rappelez par quel ensemble d’autres caractères tirés du gisement, M. Dufresnoy fut conduit, l’an dernier, à rapporter à cette période, des terrain du sud-ouest de la France et des Pyrénées, que les caractères zoologiques semblaient le plus en éloigner.

La présence de certaines substances minérales a pareillement cessé d’être un obstacle aux classemens géologiques ; les exemples s’en sont multipliés rapidement, et vous en avez un des plus frappans dans le nouveau Mémoire que M. Dufresnoy vous a lu sur les mines de sel de Gardanne en Catalogne, mines que M. Cordier le premier a fait connaître géologiquement, il y a une vingtaine d’années. Déjà M. D., dans son travail sur la craie des Pyrénées, avait constaté l’existence d’amas puissans de gypse, accompagnés de souffe, au milieu des terrains qu’un ensemble d’autres caractères le porta à classer dans le groupe crayeux. C’est la même série observations et de rapprochemens qui l’a d’abord conduit à y rapporter l’étonnant dépôt salin de Cardonne.

Il l’a vu subordonné à un puissant système formé de couches alternatives de grès, de poudingues, de schistes micacés avec fucus, le calcaire gris à hippurites, nummulites et milliolites, et même de gypses sur plusieurs points. Une semblable association de roches s’est présentée sur le versant septentrional des Pyrénées, dans le voisinage, et comme sous l’influence des ophites.

On pourrait désirer que l’intercalation du système salin au milieu du groupe de roches rapportées à la craie par M. Dufresnoy fut plus incontestablement établie ; mais l’auteur a déterminé