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prouvent un séjour prolongé dans une mer quelque temps stationnaire, fait dont on n’a pas le moindre exemple pour les grands mammifères terrestres de cette période dans le bassin parisien, qui semble cependant n’être point séparé physiquement de celui de la Loire ; tandis qu’on le retrouve au contraire dans ceux de Dax, de l’Hérault, du Rhône, dans les collines subapennines et en Sicile.

Les faluns, du moins ceux de la Loire, sont un dépôt très régulier, le plus souvent meuble, il est vrai, mais formé durant une époque de calme, et soumis à des lois dont l’action se continue sur les rivages actuels. Leur incohérence habituelle offre bien plutôt le caractère d’un dépôt littoral que d’un dépôt diluvien ; c’est ce que j’essayai de prouver dans le mémoire que je rappelle. Je ne connaissais alors de cette période que des dépôts littoraux ; mais M. Prévost vient de retrouver à Malte des dépôts pélagiques, qu’il considère comme pouvant être contemporains. Or, les conséquences si précises du travail de M. Deshayes, sur les fossiles tertiaires, tendent incontestablement à faire considérer le groupe des faluns de la Loire comme l’un des plus anciens dépôts de cette longue série, postérieure à tout l’ensemble des terrains de la Seine, dont il diffère cependant déjà lui-même sous tant de rapports, surtout par les fossiles, que nous devons supposer la série fortement interrompue au contact des dépôts des deux bassins. En un mot, les faluns sont distincts de tous les terrains tertiaires de la Seine ; ils sont superposés au plus récent d’entre eux, et cependant ils paraissent à leur tour n’être que le terme le plus ancien d’un nouveau système plus important, plus vaste que les terrains de Paris et de Londres, et qui s’est continué jusqu’à notre époque, à travers de nombreux soulèvemens du sol, des changemens de niveau des mers et des continens, et des modifications successives d’organisation.

En proposant ce grand ensemble aux géologues, j’indiquai bien qu’il me semblait devoir être sous-divisé en plusieurs systèmes, suivant le nombre des fossiles analogues. J’insistai surtout sur la non-simultanéité des bassins, sur la coexistence, à chaque sous-période, de dépôts marins littoraux ou pélagiques, de dépôts continentaux, lacustres ou fluviatiles, et de dépôts de mélanges. Mais je ne me sentais pas le droit d’aller plus loin : les premiers pas étaient faits, c’était à la zoologie de les poursuivre et de les préciser.

Voilà donc, Messieurs, plusieurs formations géologiques introduites incontestablement dans la science par des voies assez différentes,