Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

permirent de proposer une nouvelle pédale géologique[1].

Persuadé, par l’examen des terrains marins tertiaires de ce bassin déposés si près de celui de Paris, et cependant si complètement différens, qu’ils ne pouvaient appartenir à la même période, je ne tardai pas à constater sur divers points leur superposition directe au dernier terrain d’eau douce des bords méridionaux du bassin de la Seine. Je fus naturellement amené à conclure que le sol où ils ont été déposés était à peine accessible aux eaux marines du bassin de la Seine quand celui-ci se remplissait ; et réciproquement qu’à l’époque postérieure où le bassin de la Loire commença à devenir rivage ou archipel, et à recevoir le dépôt des faluns, celui du bassin de la Seine, antérieurement rempli, resta inaccessible à ces nouvelles eaux ; c’est-à-dire, en d’autres termes, que les oscillations du sol et les soulèvemens des grandes chaînes s’étaient manifestée plus ou moins fortement sur des bassins plus ou moins éloignés, de manière à les émerger ou les immerger à des époques différentes durant la période tertiaire ; en un mot, que les bassins tertiaires, je ne dis pas seulement les terrains, mais les bassins, comme réceptacles, furent successivement formés et remplis, et que les derniers formés tenaient à la nature actuelle par des relations zoologiques et géographiques plus intimes. Répondant ainsi d’avance à une des objections le plus souvent reproduites : « Que se formait-il dans tel ou tel bassin tertiaire pendant les dépôts des deux systèmes marins du bassin de Paris, si vous refusez d’y reconnaître les analogues et les contemporains de ses mêmes dépôts ? » Les bassins, remplis de dépôts avec un plus grand nombre de fossiles analogues à ceux de la nature actuelle, n’ont eu que tardivement cette disposition sous-marine ; pendant les plus anciennes périodes tertiaires ils faisaient probablement partie d’un sol continental, terrestre ou sous-lacustre ; ce n’étaient pas des bassins marins.

Je rassemblai le plus de preuves géologiques et physiques que je pus à l’appui de cette opinion que je développai en 1829, et

  1. Ann. des Sc. nat., fév. et avr. 1829. J’en avais précédemment communiqué les résultats aux Soc. Philom. et d’Hist. nat., et à la plupart des géologues de Paris, auxquels je cherchai à faire partager ma conviction. Dès 1825 (Mém. Soc. d’Hist. nat. de Paris, II 238) j’en annonçai la base, et depuis je rassemblai le plus de faits que je crus propres à la fortifier. Il est aisé de voir que ce travail ne fut pas improvisé.