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derniers bassins, ou du moins les directions suivant lesquelles les limites plus anciennes des chaînes et des bassins se rapportent avec la distribution géographique actuelle des mers ; c’est en déterminant la distribution sur le globe des espèces encore vivantes qui existaient déjà à l’époque des terrains tertiaires. Il a constaté que sur les trente-huit espèces vivantes de la première époque, dont douze seulement lui sont propres, il y en a aujourd’hui de réparties à toutes les latitudes ; que le plus grand nombre cependant appartient aux régions intertropicales. Il en est de même des cent soixante-une de la seconde époque. La plus grande partie se trouve au Sénégal, à Madagascar et dans l’Archipel des Indes ; un moindre nombre habite le midi de la Méditerranée, et quelques unes seulement les mers d’Europe.

Quant aux espèces analogues de la troisième époque, elles vivent encore en grande partie dans les mers qui baignent une partie des dépôts qui les recèlent ; c’est ce qu’on observe pour les collines subapennines dont les analogues sont surtout de l’Adriatique, et pour le crag des comtés de Suffolk et de Norfolk, qui contient des espèces de la mer du Nord. Ces rapports seraient encore plus frappans si l’on y ajoutait les dépôts plus récens de Nice, de la Rochelle, du Caernarvon, d’Udewalla, les couches supérieures de la Sicile, etc., dont toutes les espèces paraissent analogues à celles des mers voisines ; mais il me paraît incontestable que ces dépôts littoraux forment une sous-période très distincte, et qui lie zoologiquement l’ordre de choses actuel aux époques antérieures.

Cette distribution géographique semble annoncer que la température a été encore en décroissant depuis le commencement du dépôt des terrains tertiaires, et que le relief extérieur du sol et les limites des bassins actuels de nos mers ont plus de rapports avec les limites des mers aux périodes tertiaires les plus récentes qu’aux plus anciennes.

À ce dernier résultat se rattache une opinion trop exclusivement appliquée par M. Marcel de Serres aux bassins tertiaires méditerranéens, c’est que les terrains de ceux-ci ont été formés depuis que la Méditerranée occupe ses limites actuelles. Les résultats du travail de M. Deshayes s’appuient donc, ce me semble, sur trois principes qui se lient assez intimement.

Le premier, que les terrains sont d’autant plus récens qu’ils contiennent plus de coquilles fossiles analogues aux espèces actuellement vivantes ;