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eût le premier a fait sentir si positivement toute la valeur de ces caractères pour déterminer l’âge d’une formation, quelle que fût la nature des roches dont elle se compose. M. Brongniart, en effet, a toujours laissé en première ligne, non les caractères extérieurs, auxquels nul géologue un peu exercé n’attache plus d’importance, mais le fait de la superposition directe qui restera toujours le plus certain et le moins contestable.

On pourra objecter, entre autres argumens contre les caractères zoologiques, la nécessité de tenir compte des circonstances de vie particulières aux différentes espèces, de l’influence de la température, des niveaux, des courans marins ou fluviatiles, de la nature des fonds, de la proximité ou de l’éloignement des rivages, toutes circonstances qui doivent, dans un même bassin et dans une même période, produire des différences qu’il est souvent bien difficile de distinguer des différences chronologiques. On objectera l’influence des causes locales variables selon les contrées, selon les temps, presque selon les saisons, et susceptibles de produire de très grands changemens d’une couche à l’autre, même dans une seule grande période.

On demandera quelles sont les limites précises du caractère zoologique pour fixer une période.

On pourra objecter encore cette très forte probabilité que les mêmes espèces, expulsées d’un bassin par les révolutions du sol qui les ont empêchées de continuer d’y vivre et d’y imprimer pour l’avenir le même caractère zoologique, auront pu se reproduire dans des bassins plus éloignés, où leurs germes auront transmigré avec les mers chassées de leurs premiers bassins.

On pourra dire encore, avec une apparence de solidité, qu’à la même époque les différences de température ont dû produire dans des bassins éloignés des différences aussi grandes peut-être que celles qui peuvent servir à distinguer des périodes différentes.

On fait et l’on a fait bien d’autres objections plus ou moins spécieuses, et l’un de vos membres, M. Boué, vous a même développé un assez grand nombre d’exemples des erreurs auxquelles l’emploi des caractères organiques, à la vérité mal compris, a exposé les géologues ; tandis que contre la superposition envisagée en grand, comme moyen de classification chronologique des terrains de sédiment, avec l’appui de tous les autres caractères, et en tenant compte du fait si compliqué des redressemens, il n’y a pas d’objection sérieuse, à moins de renoncer à toute possibilité de reconnaissances géologiques. Mais, de son côté, M. Deshayes a envisagé la question de haut, tout en tirant ses argumens du plus