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IIIe série. ─ Terrains quaternaires et tertiaires.


§ 19. Je ne puis mieux commencer l’énumération des Mémoires qui ont été présentés à la Société, relativement aux terrains tertiaires, qu’en vous rappelant les principaux résultats du grand travail de M. Deshayes sur les coquilles fossiles de ces terrains, fruit de plusieurs années de recherches et de la plus consciencieuse comparaison d’un nombre infini de coquilles fossiles et vivantes.

Ce travail ouvre d’autant mieux la série des terrains les plus riches en fossiles, qu’il a soulevé plusieurs questions capitales sur les différens âges de ces terrains, et sur la valeur des caractères zoologiques en général.

Vainement je chercherais à donner une forme nouvelles l’analyse de tableaux dont les chiffres ont été plusieurs fois reproduits q depuis six mois qu’ils ont été livrés à la publicité ; par cela même que la base et les conséquences en sont numériques, et presque mathématiques, elles ne sont pas susceptibles de variantes ; leur vérité et leur intérêt consistent dans le plus simple énoncé des résultats. Il serait aussi difficile d’ajouter aux éloges que M. Cuvier en a fait dans son rapport à l’Académie.

Voyons cependant comment M. Deshayes a procédé dans ses recherches, et comment ses résultats se lient à d’autres considérations géologiques.

Fermant les yeux sur tous autres caractères empruntés, soit à la nature des terrains, soit à leur superposition, et laissant aux géologues le soin de faire coïncider les faits de leur science avec ceux de la zoologie, il s’est borné à comparer les coquilles fossiles de nombreuses localités, réputées appartenir aux principales formations tertiaires ou secondaires ; il a groupé, pour en former des systèmes distincts, celles qui offraient entre elles les plus grandes masses de ressemblances zoologiques, et le plus d’espèces identiques ; puis il a classé ces groupes chronologiquement suivant la présence ou l’absence, suivant le nombre plus ou moins grand d’espèces analogues à celles de la nature actuelle, et il a fait des périodes zoologiques pour les coquilles, comme d’autres savans avaient fait pour les mammifères, pour les végétaux, et pour plusieurs grandes familles organiques. Par cette adoption du caractère zoologique comme seul et véritable type des grandes périodes géologiques, et comme le représentant le plus réel des lois fixes et naturelles des grandes révolutions du globe, M. Deshayes est allé plus loin, sous ce rapport, que M. Brongniart lui-même, qui