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de roches dans des fentes formées, soit par le brisement des couches, soit par le retrait et la dessiccation de couches sorties de la mer, soit par le passage de gaz et de sources acides. M. D’Estrem, ingénieur des ponts et chaussées, en a exposé une nouvelle théorie qu’il appuie sur des expériences. Il a soumis à une chaleur violente (cent degrés de Wegwood) des blocs des différentes roches qui contiennent les brèches osseuses, et il a vérifié quelle peut être l’action de la chaleur sur la production des fentes et des fragmens ; les uns se sont fendillés, d’autres ont décrépité en poussière, en petits débris ou en plus grosses masses.

Il en conclut que la formation et le remplissage des fentes ont eu lieu presque instantanément et résulteraient d’une sorte de calcination qui se serait aussi exercée sur les os. Il suppose qu’à l’époque d’une des dernières catastrophes du globe, un épanchement de matière métallique bouillante, sorti de quelque point des Pyrénées à l’état de fluidité ignée, aurait coulé sur les bords de la mer, détruit les animaux, et fendillé, fracturé les roches sur lesquelles il passait et entassait instantanément les débris dans les fentes.

L’auteur suppose, comme ou voit, à l’extérieur, une action qui paraît au contraire avoir été en grande partie intérieure. Il n’est pas probable que cette hypothèse ait jamais de nombreux partisans, et qu’on admette ces courans d’une nouvelle espèce qui auraient fait le tour de la Méditerranée, et dont on ne retrouverait d’autre trace que la pâte ocreuse qui cimente les brèches à ossemens.

On sait que M. Savi a expliqué la formation de la brèche, beaucoup plus ancienne (mischio) de Seravizza, dans les Alpes apuennes, par une action ignée qui aurait également fendillé, brisé la roche, et qui en aurait cimenté les fragmens dans les fentes ; mais cette action aurait été toute intérieure et souterraine comme toutes celles de cémentation et d’épanchement des roches avec altération ignée.

§ 18. — M. Morren a annoncé avoir reconnu dans les alluvions du Brabant une nouvelle variété de l’éléphant primogenius. Il se propose d’en décrire une mâchoire inférieure se terminant par une symphise à long bec. On sait que M. Fischer a déjà distingué plusieurs espèces dans les mammouths de Russie et de Sibérie.