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on ne les supposera pas antédiluviens, comme l’a fait un Anglais qui montre à Londres des reliefs des grands sanctuaires de Stonehenge et d’Aybury, et pourtant on y reconnaîtra l’état social le moins avancé.

Tout en présentant ces aperçus à l’appui de l’origine récente des débris humains dans les cavernes, je suis bien loin de croire la question résolue et d’en faire une application trop générale. Les opinions sont encore très divisées : MM. Cuvier, Buckland, Rosen-Müller, Soëmmering, qui ont cité, il y a long-temps, des os humains dans les cavernes à ossemens d’espèces perdues, n’ont point admis la contemporanéité. Pour l’opinion contraire, vous avez vu, outre les faits décrits par MM. Marcel de Serres, Tournal, de Christol, Farines et Dumas, ceux que M. Boué vous a rappelés de poteries ou d’os humains dans certaines brèches osseuses, dans les sables ossifères de Baden, de Kosritz en Saxe, dans les marnes du Rhin. La similitude fort curieuse d’une des têtes découvertes en Autriche, avec les races nègres, a même inspiré cette idée ingénieuse, que s’il a effectivement existé sur le sol de l’Europe une race d’homme contemporaine des anciennes alluvions, elle a dû offrir, avec les races de l’équateur, la même ressemblance que la plupart des animaux de cette période offraient avec ceux des pays chauds. Mais si l’on pouvait attribuer à la même époque les crânes de la caverne de Miallet, cette analogie ne serait pas constante ; car ceux-ci, quoique comprimés, sont plutôt de race caucasique. D’un autre côté, M. Cuvier a prouvé que les mammifères de cette période, qui annonceraient un climat tropical, sont accompagnées d’autres mammifères de climats septrionaux ; pour les débris de l’espèce humaine, s’ils remontaient aussi loin, il pourrait y avoir déjà mélange de races. Mais, je le répète, on ne peut encore que recueillir les faits et les objections.

Excusez-moi, messieurs, d’être revenu sur des considérations plus historiques que géologiques ; mais il m’a semblé que la lumière nouvelle qu’elles répandent sur un intéressant objet de controverse me ferait pardonner cette digression. Je reviens aux cavernes et aux ossemens dont plusieurs de vos membres vous ont entretenus.

M. Tournal, après les considérations générales que je vous ai rappelées, en a fait l’application à la caverne de Bise, dans laquelle il a le premier découvert le mélange d’os humains et de poteries avec les os d’animaux perdus. Il l’applique aussi aux cavernes de Sommières (Gard), où le même mélange a été constaté par M. de Christol. Les os de mammifères des cavernes de l’Aude