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dépôts et stratification en discordance, et attribuaient à ce caractère une importance peut-être excessive. Une stratification transgressive n’est une chose fondamentale que lorsqu’elle est un phénomène général dans un continent ou du moins une contrée. Ainsi le calcaire jurassique est en général en stratification concordante sur le lias, mais localement ces deux dépôts ont été vus en stratification discordante ; voilà donc un cas où ce caractère n’a pas de valeur, et il serait facile d’en citer de semblables. Ainsi, non loin de Cobourg, nous nous rappelons une portion de grès bigarré redressé très fortement, le Muschelkalk et le Keuper placés presque horizontalement à côté de cette roche.

On a aussi eu tort, comme l’a bien dit M. Deshayes, de croire que les dépôts en stratification discordante recélaient toujours des créations diverses ; ainsi le zechstein reposant avec le terrain houiller en stratification transgressive sur le sol intermédiaire, n’en offre pas moins des fossiles intermédiaires, et en général les pétrifications de la formation houillère ont plus d’analogie avec ces dernières qu’avec celles des autres dépôts secondaires. Il en est de même des fossiles du calcaire de montagne et de certains terrains schisteux.

Les stratifications discordantes de toutes les masses ne me semblent que de grandes exceptions locales produites par des soulèvemens, puisqu’en combinant l’état géologique des masses minérales des divers endroits connus de la terre, on arrive à établir que tous les dépôts se suivent dans un ordre parfaitement concordent. La seule exception jusqu’ici connue et non encore levée est celle de la position relative du sol tertiaire et de la craie. Pour l’Europe, et en particulier pour les pays de plaines de ce continent, il paraîtrait qu’il y a un hiatus immense indiquant des révolutions épouvantables ; mais n’en peut-il pas être autrement dans d’autres continents, ou même dans les contrées montagneuses de l’Europe ? C’est une question non encore résolue.

Jusqu’à ces dernières années l’étude des sources minérales ne semblait que du domaine du chimiste et du médecin, et était bannis des traités de géologie. Un très petit nombre de géologues ont toujours senti la connexion de ces eaux avec les phénomènes géologiques. Parmi ces derniers je me plais à placer nos deux présidents. M. Brongniart a même voulu attribuer des effets prodigieux aux sources minérales qui jaillissaient du sein de la terre lors des époques géologiques anciennes et modernes.